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FranceLa rumeur persistante d’un remaniement entrave l’action du gouvernement

France / La rumeur persistante d’un remaniement entrave l’action du gouvernement
La première ministre Elisabeth Borne (c.), ici au Salon de l’aéronautique et de l’espace au Bourget la semaine dernière, ne manque aucune occasion de manifester qu’elle est toujours là Photo: AFP/Christophe Archambault

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La rumeur d’un prochain remaniement, pouvant aller jusqu’à la titulaire actuelle de Matignon, court toujours à Paris, et même de plus belle, plus de deux semaines après leur naissance (voir Tageblatt du 14 juin). Mais si elle fait les beaux jours des éditorialistes, elle a sur le fonctionnement du gouvernement un certain nombre d’effets fâcheux.

C’est devenu une plaisanterie entre ministres: à la sortie du conseil, le mercredi à l’Elysée, ils se saluent d’un „A la semaine prochaine, si tout va bien!“ dont l’ironie masque mal l’agacement qu’ils éprouvent à voir leur sort suspendu au bon vouloir du chef de l’Etat, dont c’est une prérogative constitutionnelle indiscutable mais qui ne tend pas à dynamiser l’action publique aussi longtemps qu’en dure la rumeur.

Les interrogations portent d’abord sur le sort d’Elisabeth Borne, laquelle ne manque aucune occasion de manifester qu’elle est toujours là, et bien là. Au Parlement, bien sûr, mais aussi dans la vie de tous les jours; comme lorsque, après le drame récemment évité de justesse à Annecy, où un forcené avait commencé à poignarder des enfants, elle s’était rendue sur place sans attendre M. Macron, ni même lui en référer, ce qui allait, paraît-il, l’agacer prodigieusement.

Le 17 avril dernier, au lendemain de l’épilogue encore incertain de la crise des retraites, l’homme de l’Elysée s’était donné, en principe à lui-même – mais cela ressemblait fort, en réalité, à un ultimatum adressé à Mme Borne – cent jours pour recréer un climat „d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France“. Cela menait, en gros, jusqu’au 14 juillet, autrement dit dans guère plus de deux semaines. Avec une arrière-pensée: il fallait que d’ici là, la majorité ait été élargie et confortée, autour d’un programme susceptible de relancer ce second quinquennat si mal parti. Et cela ne pouvait guère s’envisager qu’en tendant la main à la droite LR, laquelle ne manifeste à l’évidence pour l’instant aucun empressement à la saisir, c’est même un euphémisme.

Le syndrome du départ imminent

Certaines frictions ont par ailleurs continué à se manifester entre l’Elysée et Matignon, comme à propos des racines supposées du RN avec le pétainisme. Mais au-delà du détail de ces menues bisbilles, dont l’accumulation crée tout de même un climat, pointe l’exaspération d’Emmanuel Macron contre tout ce – et tous ceux, et celles – qui tendent à lui forcer la main. A quoi s’ajoute le fait qu’à l’intérieur même de l’équipe de la première ministre les démissions se multiplient. Dont celle du directeur de son cabinet, Aurélien Rousseau, qui s’avère très difficile à remplacer puisque plusieurs personnalités pressenties ont décliné l’offre, pourtant des plus prestigieuses.

Mais ce syndrome du départ imminent frappe aussi un peu partout ailleurs. Sans doute certaines (rares) grosses pointures, comme Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin, même s’ils ne sont pas assurés de rester l’un aux Finances, l’autre à l’Intérieur, n’ont-ils normalement pas trop de souci à se faire. Mais nombre d’autres postes importants pourraient, eux, voir leur titulaire actuel quitter le gouvernement: les Affaires étrangères, la Justice, l’Éducation, la Santé, dit-on, sans parler de ces „petits“ ministres dont le grand public ne connaît guère le nom ni les attributions.

Il n’est guère étonnant, dans ces conditions, que le travail interministériel s’endorme – d’autant plus que nombre de conseillers ministériels se hâtent de démissionner tant qu’ils s’estiment encore „recasables“, notamment dans le privé – et que la communication officielle s’effiloche. En dehors, bien sûr, de celle du chef de l’Etat, qui en a poussé le souci jusqu’à annoncer lui-même, hier, que les amendes pour usage de drogue seraient désormais recouvrables par carte de crédit. Soit; mais on n’imagine guère tout de même, en leur temps, De Gaulle ou Mitterrand dans le même exercice, en lieu et place d’un ministre …