ForumLa liberté de ne pas se faire vacciner? Allez au bout des choses!

Dans l’hebdomadaire français Le Journal du dimanche, daté du 2 janvier de la nouvelle année, le professeur André Grimaldi de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, pose la question suivante: „A l’instar de ce qui se fait pour la ,Directive anticipée‘, ne devrait-on pas inviter (ou obliger?) les non-vaccinés acharnés de dire, et donc d’écrire, en amont, s’ils souhaitent ou non être réanimés au cas où ils se trouvent dans une situation de forme grave de Covid-19?“

A titre de rappel: la directive anticipée permet notamment à tout citoyen de „pouvoir prétendre au soulagement de la souffrance physique et psychique, p.ex. les douleurs, les problèmes respiratoires, l’agitation, la soif, etc.“. Elle est applicable si on se trouve en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable et si on n’est plus en mesure d’exprimer sa volonté.

Actuellement, notre communauté nationale se doit d’être solidaire et de faire front commun, de convaincre (ou obliger?) les quelque 30% de récalcitrants de se faire vacciner pour avoir plus de chances de vaincre ENSEMBLE la pandémie, dans le respect de LEUR liberté qu’ils ne cessent de revendiquer dans les manifestations les plus diverses.

Mais question suivante: est-ce qu’on peut revendiquer des soins de cette même communauté nationale, et en profiter en cas d’urgence, alors qu’on a refusé préalablement toute mesure préventive? Poser cette question, c’est déjà, presque, y répondre …

On ne peut avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre (… et le sourire de la fermière, pour être complet), dit la maxime. On ne peut pas refuser de se faire vacciner et revendiquer par après, en cas d’infection grave, de vouloir avoir recours à des traitements et équipements lourds, coûteux, des ventilateurs notamment, demandant une main d’œuvre importante et qualifiée en médecins, infirmières et autres, dont on n’aurait probablement pas eu besoin en cas de vaccination préalable. En cas de pic de contamination, le danger d’obstruer et d’engorger les hôpitaux, le problème majeur en cas de crise grave, est réel, tous les professionnels de la Santé ne cessent de l’affirmer …

Etant motard passionné, il ne me viendrait pas à l’idée, en cas de chute grave, de me retourner contre le constructeur des barrières de sécurité ou contre le constructeur de la moto, alors que je n’ai pas respecté la limitation de vitesse et que j’ai roulé sans casque.

Mais revenons au Covid et donnons la parole au professeur Grimaldi qui pose la question suivante: „Une personne revendiquant le libre choix de ne pas se faire vacciner, ne devrait-elle pas assumer en cohérence son libre choix de ne pas se faire réanimer?“

En effet, face à l’afflux très important de malades du Covid-19, le problème cornélien, donc un dilemme entre le sentiment et le devoir, de devoir choisir la priorité, de trancher qui soigner ou ne pas soigner, oui, de faire un tri entre les patients, risque de se poser. Un cas de conscience majeur pour un médecin qui, par le serment d’Hippocrate, le texte fondateur de la déontologie médicale qui n’a pas de valeur juridique tout en gardant une valeur surtout symbolique et morale, stipule que le bien du malade est la priorité du médecin, et qu’il doit faire ce qui est utile et avantageux pour le malade.

Tout simplement le professeur parisien cité plus haut pose la question de savoir si, face à la vague du variant Omicron notamment, et face à l’afflux de malades dans les services de réanimation, et surtout face à la question du tri des patients, on ne devrait pas demander systématiquement et préalablement aux adultes non vaccinés de rédiger des directives anticipées pour affirmer clairement s’ils souhaitent ou non être réanimés. Toujours d’après le même médecin, les hôpitaux se retrouvent dans la situation de devoir reporter, d’après des critères peu transparents, des opérations et des hospitalisations non urgentes afin de prioriser des patients atteints du Covid qui doivent être intubés ou ventilés.

A qui donner le lit disponible quand il y a deux patients en attente et relevant tous les deux de la réanimation?

La proposition de cet homme de l’art, qui en a vu des vertes et des pas mûres, est sans appel. Ainsi pose-t-il la question, déjà évoquée plus haut mais répétée sciemment ici, à laquelle les non-vaccinés, de toute obédience, de toutes les couleurs et de toutes les motivations respectables ou non, devraient répondre clairement:

„Une personne revendiquant le libre choix de ne pas se faire vacciner ne devrait-elle pas assumer en cohérence, et donc par écrit, son libre choix de ne pas se faire réanimer?“

J’attends la réponse des concernés et des interpellés! Meneurs auto-désignés, bêtes et méchants des manifestations, ne disposant d’aucune légitimité démocratique, s.v.p. s’abstenir!

La question mériterait surtout d’être posée dans le cadre de la discussion prochaine, à la Chambre des députés, sur l’obligation de vaccination.

Allons au bout des choses!

* René Kollwelter est ancien député du LSAP et ancien membre du Conseil d’Etat