Les chiffres parlent d’eux-mêmes: la LPM encore valide, celle qui concernait la période 2019-2024, avait un budget de 295 milliards d’euros; celle dont les députés vont débattre pendant deux semaines porte, elle, pour une période identique, sur des crédits militaires de 413 milliards. „Et il n’y a là rien de trop!“, assure le ministre des armées Sébastien Lecornu.
C’est que l’exécutif entend, avec cette loi, corriger des manques ou des faiblesses que la guerre en Ukraine a mis en évidence, non pas particulièrement dans l’armée française qui n’y participe pas directement, mais dans le camp des alliés de Kiev en général. C’est notamment le cas des stocks de munitions lourdes, dont l’insuffisance reste un constant problème pour l’Ukraine face aux immenses capacités d’approvisionnement de la Russie. Les crédits affectés à ce type de dépenses devraient augmenter de 45%, à 16 milliards d’euros.
De même pour les dispositifs de défense sol-air, dont le budget devrait être porté à 5 milliards, et, avec la même somme, pour les drones, qui se seront affirmés comme l’une des nouvelles armes essentielles dans ce conflit en Ukraine. Il s’agit par ailleurs de prendre aussi en compte ce que l’on commence à appeler les „nouveaux champs de conflictualité“, comme la prévention des cyberattaques, dont les crédits devraient être multipliés par trois pour atteindre 4 milliards, ou encore l’espace, dont le budget militaire devrait s’élever à 6 milliards, soit une hausse de 40%. Enfin, toujours parmi les hausses, 5 milliards seront consacrés au Renseignement, et 2 aux forces spéciales.
S’agissant des effectifs en général, militaires (en dehors des réservistes) et personnel civil de la Défense confondu, le chiffre de 275.000 personnes sera simplement maintenu, mais avec des crédits en hausse de 11 milliards d’euros sur ces sept ans pour améliorer leur rémunération … et les inciter à rester dans l’armée au terme de leur contrat. Quant aux équipements classiques – véhicules, avions et blindés principalement – leur budget devrait atteindre 268 milliards, avec des frais d’entretien et d’entraînement des soldats qui les mettent en œuvre en hausse significative les uns et les autres.
Deux poids-lourds: la dissuasion et le futur porte-avions
Restent deux postes de dépense majeurs, et plus sujets à contestation, comme devrait le montrer la suite des débats parlementaires: la force atomique de dissuasion, et la construction d’un nouveau porte-avion à propulsion nucléaire pour remplacer, vers la fin de la prochaine décennie, le Charles-de-Gaulle, dont il faut commencer à anticiper le vieillissement. La dissuasion nucléaire devrait représenter environ 13% du total des crédits prévus par la LPM; et si elle a cessé d’être l’objet de furieuses controverses entre la droite et la gauche, l’examen de son budget peut, dans le détail, donner lieu à des débats serrés, d’autant plus que sur ce terrain-là les enseignements de la guerre d’Ukraine peuvent se lire de plusieurs façons.
S’agissant du successeur du Charles-de-Gaulle, une première enveloppe budgétaire de 5 milliards „seulement“ est prévue pour développer les premières études et lancer le chantier. Avec pour objectif, selon M. Lecornu, des essais en mer en 2036-2037, ce qui supposera évidemment bien d’autres dépenses chemin faisant …
Mais le ministre se plaît à le décrire avec emphase comme „une cathédrale de technologie et de compétences humaines de 75.000 tonnes“. Ajoutant: „Il n’y a plus que deux pays au monde qui savent construire et mettre en œuvre des porte-avions nucléaires: les Etats-Unis et la France; renoncer à cette capacité reviendrait à perdre des savoir-faire uniques chez nos marins, et à assumer un déclassement durable parmi les autres nations.“
Zu Demaart
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