Headlines

Opinion (Partie 2)Crise du logement: Saint-Glinglin ou ici et maintenant? 

Opinion (Partie 2) / Crise du logement: Saint-Glinglin ou ici et maintenant? 
 Photo: Editpress/Julien Garroy

Jetzt weiterlesen! !

Für 0.99 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Les habitations non habitées, vides, sont un scandale. Je ne parle même pas des habitations XXL où une seule personne ou un couple occupe une maison/appartement trop grand, je veux parler de celles, grandes ou petites, qui sont carrément inoccupées pour diverses raisons, certes.

L’autre dimanche, je me suis promené dans les faubourgs de la ville de Luxembourg avec un de mes meilleurs amis et on a essayé de détecter les maisons vides, inoccupées. C’était effarant! Normalement on passe devant ces maisons sans s’en rendre compte. Mais une fois le sujet abordé entre nous, on a eu de cesse de relever un peu la tête, on a véritablement découvert un désastre. A l’occasion d’une visite à Esch 2022, j’ai reproduit le même scénario dans la capitale du Bassin minier. Même résultat. Essayez un peu le même stratagème là où vous passez, vous allez faire des constats affligeants.

Cette mini-analyse me permet d’affirmer haut et fort que dans notre pays, qui souffre d’une pénurie de logements abordables criarde, plus d’un millier d’habitations ne sont pas occupées, bien sûr toujours pour de „bonnes raisons“.

Ce constat est déjà en soi un véritable scandale, mais il est renforcé par le fait que très souvent ce sont les pouvoirs publics ou leurs bras prolongés qui sont à l’origine de cet état de fait, dans la mesure où ils sont les tristes propriétaires de ces habitations vides. Sans même parler, à ce stade, des propriétaires privés.

Soyons brefs: combien d’espaces potentiellement habitables, notamment des gares désaffectées, désolément vides, se trouvent dans le giron des CFL? Peut-être que le ministre responsable des Transports pourrait donner la réponse à cette question? Peut-être que le ministre du Logement devrait s’intéresser à cette question qui ne se limite pas aux CFL? Peut-être qu’un député osera poser une question parlementaire ad hoc?

Idem pour la Poste, idem pour la BCEE, quid des autres?

Un autre grand propriétaire d’immeubles de toutes sortes, vides ou peu occupés, devrait être analysé de près: l’Archevêché de Luxembourg, un géant parmi les propriétaires fonciers. Notre cardinal bien-aimé devrait pouvoir nous donner une réponse à cette question et se déclarer ouvert à une approche concertée avec les pouvoirs publics pour y voir plus clair et pour définir une stratégie ad hoc. L’amour du prochain, une fois n’est pas coutume, devrait se concrétiser autrement dans ce domaine.

Un autre acteur public est directement interpellé, les communes. Comme elles se trouvent au plus près du terrain, leur rôle est primordial. Le ministère de l’Intérieur, avec le Syvicol, devrait ordonner une enquête d’envergure pour établir un état des lieux des logements vides susceptibles d’être occupés, l’Agence immobilière sociale, qui fait un excellent travail, pourrait être un accompagnateur important dans cette démarche.

Reste l’épineux problème des habitations vides qui appartiennent à des propriétaires privés. Dans ce domaine également, l’Etat doit se donner les moyens d’intervenir et d’imposer sa volonté, à condition qu’il en ait une. Il est inadmissible que des particuliers, sous l’œil bienveillant ou aveugle du gouvernement, refusent de mettre sur le marché des habitations et peuvent s’adonner sans scrupules à leur sport favori: la spéculation. Dans ce domaine, une intervention de l’Agence immobilière sociale s’impose également, de concert avec les représentants de l’Etat.

Un cadastre national des logements vides

Il faut d’abord que l’Etat, le garant de la protection des citoyens dans une société comme la nôtre, assume et remplisse ce rôle de protecteur et de défenseur de l’intérêt public (et non le protecteur du seul intérêt privé !) Qui est la partie faible, qui a besoin du support de l’Etat: la personne qui est en difficulté pour trouver un logement „abordable“, ou le propriétaire dont l’Etat protège les activités spéculatives?

Il faut une volonté politique forte, même très forte pour changer de braquet. Actuellement elle fait défaut, hélas.

Ensuite, il faut établir, principalement sous l’autorité des deux ministres cités plus haut, un cadastre national des habitations vides, indépendamment du propriétaire de ces lieux. Après un programme, une stratégie, des moyens budgétaires, voire un agenda précis devra être établi pour mettre fin à un des plus grands fléaux de la politique de logement: la rétention de logements vides, peu importe leur propriétaire, peu importe les raisons, peu importe les obstacles.

Mais honnêtement: voyez-vous notre gouvernement capable de faire preuve d’une telle volonté politique?

Il est permis d’en douter …

P.S.: A bon escient, il n’a pas été question de la relation bailleur-locataire, autre pilier de toute politique de logement, où des situations moyenâgeuses existent et où les pouvoirs publics n’assument pas ou mal leur rôle de contrôle dévolu par la loi.

Elle est passée où, l’autorité de l’Etat?

(La première partie de cet article a été publiée hier)

* René Kollwelter est ancien député du LSAP et ancien membre du Conseil d’Etat