How is Katya?
„How is Katya?“, seul film ukrainien de la compétition (même si l’Ukraine sera au centre d’autres long-métrages comme „107 Mothers“), raconte l’histoire d’Anna (Anastasia Karpenko), une médecin ambulancière dont l’existence sera chamboulée par un accident tragique qui emportera sa fille Katya. En début de film, on les voit toutes les deux sur le chantier de ce qui sera leur futur appartement, le parcourant en écoutant de la musique – une scène métonymique qui illustrera la complicité entre la mère et sa fille et qui reviendra comme en écho vers sa fin, alors que la mère se rendra seule sur les lieux.
Entre les deux scènes, Anna se fera, alors que sa fille est encore en réanimation, aborder par un homme qui lui proposera de l’aide (financière), en échange de quoi elle devra signer un papier indiquant qu’elle ne portera pas plainte – car il s’avère que la conductrice de la voiture qui a renversé sa fille n’est autre que la fille d’une politicienne en pleine campagne électorale.
Travaillant avec des effets de floutage visuel ou des mises en sourdine sonores pour montrer comment le réel s’efface à la suite du vécu traumatique, le premier long-métrage de Kristina Tynkevych suit les péripéties d’Anna dans un pays en proie au chantage, où les témoins et la justice elle-même se laissent corrompre, rendant la réparation juridique de cette mort tragique impossible.
Dans une des dernières séquences du film, Anna est censée réanimer une personne dont la voiture vient de percuter un arbre. Traumatisée par le souvenir de la mort de sa fille, elle n’y arrive pas, délaisse son collègue médecin qui avait besoin d’elle pour ranimer le patient, répétant ainsi la boucle traumatique en passant du rôle de la victime à celle du bourreau. Si le film évite l’écueil du pathos, sa froideur confère parfois à une sorte d’indifférence. (Jeff Schinker)
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