Comme beaucoup d’organisations nazies ayant opéré au Luxembourg occupé, la Hilfspolizei reste très méconnue. Ce qu’on sait, c’est qu’elle n’était pas placée sous l’autorité du Gauleiter Gustav Simon et de l’administration civile allemande, mais qu’elle dépendait directement du Reichssicherheitshauptamt (RSHA), le quartier général de l’appareil de répression et de surveillance SS. En s’engageant, les Hilfspolizisten obtenaient automatiquement le statut d’aspirants SS.
Le RSHA recruta des unités semblables à travers toute l’Europe occupée. Composées d’autochtones, ces polices auxiliaires étaient chargées d’épauler la SS et la police allemande dans les missions de maintien de l’ordre national-socialiste, en particulier la traque aux résistants et aux Juifs. Dans les Pays baltes, en Pologne ou en Ukraine, les unités de Hilfspolizei jouèrent un rôle central dans la Shoah.
Auxiliaires de la SS
Au Luxembourg, le recrutement commença le 18 février 1941: „Wer will zur Waffen-SS oder zur Hilfspolizei?“, demandait une annonce officielle, publiée dans l’Escher Tageblatt de ce jour.1) Il y était précisé que pour être admis dans la police auxiliaire, il fallait être né entre 1900 et 1922 et mesurer au moins 1,70 mètre (1,68 mètre dans certains cas exceptionnels). Les candidats étaient priés de se présenter dans les stations de police et de gendarmerie allemandes ou luxembourgeoises.
Le nombre d’hommes qui répondirent à l’appel reste inconnu et faute d’informations plus précises, il n’est pas permis d’avancer des conclusions définitives quant à leurs motivations. Ceux d’entre eux qui furent jugés après la guerre, étaient néanmoins en grande majorité des partisans convaincus du régime nazi, à l’image de François B.
Adhérent de la Volksdeutsche Bewegung (VdB) depuis le 1er août 1940, cet ouvrier de Wasserbillig avait rejoint la Hilfspolizei le 23 février 1941. Il était par ailleurs membre de la SA. Engagé volontaire dans l’armée allemande, il méprisait les réfractaires au service militaire, affirmant dans l’une de ses lettres que la mort était „eine allzu milde Strafe“ pour ces „Kreaturen“. Il se réjouissait à l’avance du jour „wo alle zusammen getrieben werden und dann dorthin transportiert werden, wo ihr Platz ist“. Lui-même se disait prêt à mourir pour la Grande Allemagne et voyait en ceux qui pensaient comme lui „die Diamanten im Volk“.2)
Des policiers luxembourgeois dans la police nazie?
Contrairement au jeune François, tous les Hilfspolizisten ne s’engagèrent pas volontairement dans les forces armées allemandes. Ils furent cependant rattrapés par les événements. En avril 1943, alors que l’Allemagne commençait à manquer d’hommes, sur le front, mais aussi dans les territoires conquis, ils furent transférés en Pologne occupée.
Selon le témoignage de l’un d’entre eux, un collaborateur de la première heure nommé Paul B., des policiers et des gendarmes luxembourgeois auraient aussi été intégrés à la Hilfspolizei à cette occasion: „Am 1. April 1943 wurden die Jahrgänge 1908 und jüngere, welche bei der Polizei arbeiteten und aus diesem Grund UK3) gestellt worden waren zur sog. Hilfspolizei eingezogen, welche dazu bestimmt war, die Polizeikräfte in den besetzten Ostgebieten zu verstärken.“4)
Paul B. fut pour sa part transféré à Varsovie où il intégra le Wachbataillon I. Selon ses dires, cette unité était uniquement chargée de protéger des ponts, des silos à grain ou des usines. Bref, elle n’avait à remplir que des tâches de police tout à fait ordinaires. La chronologie de ses affectations permet toutefois d’en douter.
Missions meurtrières en Europe de l’Est
Paul B. arriva en Pologne au printemps 1943, alors même que la lutte contre les partisans et le massacre de la population juive y battaient leur plein. Son bataillon était également stationné dans la capitale polonaise au moment où les Allemands écrasèrent dans le sang l’insurrection déclenchée par la résistance, faisant près de 200.000 morts. Paul B. fut ensuite envoyé en Slovénie, théâtre de combats sans merci entre les forces d’occupation et la résistance.
Il n’est peut-être pas inutile de souligner qu’il y servit au côté de supplétifs russes, auxquels les Allemands confiaient généralement les plus basses œuvres, mais pour lesquels il éprouvait lui-même une admiration dont il fit part à ses parents: „Die 10 Don-Kosaken haben sich als gute Kameraden erwiesen. Ihr Gebiet mit ihren Angehörigen ist von den Sowjets besetzt. Unsere Landsleute sollen sich ein Beispiel an diese Leute nehmen. Sie murren über den aushungernden Dienst nicht“5)
La lecture d’un dossier d’épuration comme celui de Paul B. permet de soupçonner la nature meurtrière des missions qui lui furent confiées. Faute d’autres éléments, on ne peut toutefois aller au-delà. Les enquêteurs n’insistèrent pas non plus. Leur priorité était d’établir des crimes commis au Luxembourg ou dont des Luxembourgeois auraient été les victimes. Cela n’était généralement pas le cas dans les affaires concernant les activités de Hilfspolizisten en Europe de l’Est, à une exception, celle de Heinrich K.6)
Une bande d’assassins
K. avait adhéré à la VdB dès le 15 juillet 1940. L’année suivante, il avait été l’un des premiers Luxembourgeois à être admis au sein du parti nazi. A une date inconnue, il avait rejoint le personnel de garde du camp de concentration et d’extermination de Majdanek. Un déporté luxembourgeois, Paul M., dit l’y avoir vu à partir de 1943. Un autre déporté luxembourgeois, Frany H., raconta que K. y était souvent vu en compagnie des „Don-Kosaken-SS“ de l’„unité 1.011“: „Diese Einheit 1.011 war als eine große Mörderbande von den Polen allgemein gefürchtet. Sie hatten spezielle Verpflegung (meistens plünderten sie die Dörfer). Vor ihren ,Einsätzen‘ gegen die sogenannten Partisanen, waren sie immer wieder angetrunken und dann hieß es schnell aus dem Wege kommen. K. schien zu ihnen zu passen. Er fühlte sich wohl unter ihnen, wie aus meinen Beobachtungen hervorging.“7)
A en croire la suite du témoignage de Frany H., Heinrich K. ne se contentait pas de fréquenter les supplétifs russes, mais participait directement à leurs exactions: „Später gegen Mai 1944, als die Russen Offensive auf Offensive starteten, war K. oft besoffen, er sprach oft dummes Zeug. Gegen diese Zeit starteten die Massenerschießungen von Juden u. Polen und K. prahlte sich einmal in meiner Gegenwart, dass es heute viel Arbeit gegeben hätte, aber sagte er: ,Der Dreck‘, er meinte die Sau-Juden, müssen alle wrecken [sic.]. Ein erster Beweis gegen K. war, als er am 17. Juli in Lublin an Erschießungen gegen 2 Russen teilnahm. In den Hügeln hinter der Gestapo-Zentrale, wurden sie niedergemacht, der Uhrmacher und der Straßenfeger aus dem Lager. Dort war K. zugegen. Ich erkannte ihn mit noch einem SS-Oberscharführer und 3-4 andern, als sei es ein Jagdfest, die Militärpistole unter dem Arm. Ein anderes Mal, Anfang August war K. wieder stark besoffen, es war auf dem Rückzug in der Gegend von ,Baedousko‘, als er eine blonde Polin, die an dem Wagen vorbeikam, anhalten wollte und dann sie einfach anschoss, als sie ihm mit einem herablassenden Blick gemessen hatte. Sie wurde schwer verletzt abtransportiert. Nach dieser Art war das Verhalten von K.“8)
1) „Wer will zur Waffen-SS oder zur Hilfspolizei?“, in: Escher Tageblatt, 18.2.1941, p. 3.
2) Archives nationales de Luxembourg (ANLux), Fonds Epuration (EPU) 364, chefs d’accusation et jugement à l’encontre de Franz B.
3) Le statut UK, pour „unabkömmlich“, était appliqué à tous ceux qui ne pouvaient être mobilisés parce que leur activité était considérée essentielle sur le front intérieur.
4) ANLux, Fonds Affaires politiques (AP) 20, interrogatoire du 26 novembre 1946.
5) ANLux, AP 20, lettre du 8 mars 1944.
6) Voir : ANLux, AP 109 ; ainsi que: ANLux, Fonds Justice (Jt) 226.
7) ANLux, AP 109, témoignage de Frany H. du 16 juin 1947.
8) Idem.
Die Hilfspolizisten wurden auch zur Ermordung von PatientInnen herangezogen. Auf www.gedenkort-t4.eu schreibt Herr Robert PARZER am 26.03.2023 im Artikel "Psychiatrie in der Ukraine - Psychiatrie im Krieg": "Wir präsentieren im Folgenden ein Interview, das am 23. Februar 2023 in der polnischen "Gazeta Wyborcza" erschien. Die Journalistin Agnieszka JUCEWICZ sprach mit Dr. Juri ZAKAL, Arzt am psychiatrischen Krankenhaus Kulparkiv (Kulparkow) in Lviv (Lemberg) in der Westukraine.
Warum ist das wichtig? Erstens: Durch den verbrecherischen Krieg Rußlands gegen die Ukraine leiden alle Ukrainer. Wie in jedem Krieg sind diejenigen, die auf Hilfe und Solidarität angewiesen sind, besonders gefährdet. Dazu gehören Psychiatriepatienten. Es gilt, besonders aufzupassen, dass hier die Menschenwürde gewahrt bleibt. Dazu sollten wir denen zuhören, die sich auskennen. Dr. Juri ZAKAL gehört dazu. Zweitens: Kulparkow war unter deutscher Besatzung einer der Orte im von Deutschen besetzten Polen, in denen Patienten durch Hunger getötet wurden. Hier wurden polnische, ukrainische und jüdische Patienten von Deutschen ermordet und deportiert. Später wurden dann deutsche Patienten, vor allem aus dem Rheinland, hierher gebracht. Viele von ihnen starben ebenfalls an der Mangelernährung und der Verwahrlosung, der sie ausgesetzt waren.
[Im Laufe der Zeit starben aber viele der polnischen Patienten, so daß wir noch etwa 600 von ihnen hatten, als im Jahre 1943 ca. 500 bis 600 Kranke aus dem Rheinland kamen. Es waren meistens Katholiken, die an angeborenem Schwachsinn und Epilepsie litten, es waren aber auch Altersdemenzen dabei.]
(Ausschnitt aus einer Aussage des Arztes Dr. Alexander WACYK vom 19.3.1965. Quelle: Hessisches Hauptstaatsarchiv Wiesbaden, Abt. 631a Nr.1729. WACYK machte diese Aussage im Rahmen eines staatsanwaltschaftlichen Ermittlungsverfahrens wegen "Euthanasie"-Verbrechen.)
MfG
Robert Hottua