Souvent, quand Benoît Vaillot en retrouve un exemplaire, la lettre D de Deutschland a été burinée. Mais, il ne trouvera pas, à notre demande, en ce jour humide de novembre, de borne, et encore moins de trace de ce geste patriotique suranné. Le fossé, où passait „une ligne partant de la frontière du Luxembourg entre Hussigny et Redingen, laissant à la France les villages de Thil et de Villerupt“, telle que décrite par le traité de Francfort de 1871, a sans doute été souvent remanié, la borne sacrifiée.
Ce matin-là, l’historien de l’Université du Luxembourg a emprunté les pas que furent ceux d’Aimé Laussedat, 150 ans plus tôt. Ce militaire, chargé de tracer la nouvelle frontière rudement négociée entre France et Empire allemand, a rapporté, dans ses mémoires, qu’après son passage à cet endroit, les habitants de Hussigny, Thil et Villerupt, étaient venus arracher ses piquets pendant la nuit. Sans doute ne savaient-ils pas que Villerupt pouvait s’estimer heureux d’être maintenu côté français. C’est, comme le raconte Benoît Vaillot dans le livre passionnant tiré de sa thèse, „L’invention d’une frontière“, le ministre français des Finances qui a obtenu cette faveur de Bismarck parce qu’il était actionnaire des aciéries de la commune. Cela allait contre le principe français des frontières naturelles, de toute façon défait par „la victoire sans conteste de la conception allemande des frontières nationales selon une définition ethnolinguistique“.
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