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FranceLes municipales s’annoncent difficiles pour le parti macronien

France / Les municipales s’annoncent difficiles pour le parti macronien
Les élections municipales seront maintenues, malgré l’épidémie du coronavirus Photo: Christophe Archambault/AFP

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Les électeurs français sont appelés aux urnes demain dimanche pour le premier tour du scrutin municipal, destiné à renouveler les élus de quelque 35.000 communes. Ces élections ont failli être reportées en raison de l’épidémie de coronavirus, mais le président Macron a décidé d’en maintenir les deux tours à la date prévue, le second devant avoir lieu le dimanche 22 mars.

Les élections municipales françaises illustrent scrutin après scrutin trois solides traditions. La première est que les électeurs accordent généralement une „prime aux sortants“, dans la mesure où ils sont plutôt satisfaits, en général, de leurs élus locaux, perçus comme plus proche d’eux que les députés et les sénateurs, à plus forte raison le président de la République et les membres de son gouvernement. Deuxième tendance, parfaitement contradictoire: pour ceux des électeurs qui, en dépit de cet attachement municipal de principe, entendent donner un sens réellement politique à leur bulletin de vote, la tentation est grande de sanctionner à travers un scrutin local le pouvoir central, sur le thème: „On va leur donner une leçon.“

D’où une troisième constante, qui fait en quelque sorte la synthèse paradoxale des deux autres: du côté du gouvernement, on proclame toujours d’avance que la consultation n’a pas valeur de test national – quitte à assurer l’inverse lorsque, par miracle, les électeurs se montrent finalement plutôt bienveillants à l’égard du pouvoir. Mais de ce triple point de vue, l’embarras macronien est, cette fois-ci, extrême. Car La République en Marche, parti fondé par Emmanuel Macron pour son élection à la présidence en 2017, et qui n’existait donc pas lors des dernières élections municipales, en 2014, ne dispose par hypothèse d’aucune vraie grande implantation municipale.

Des ralliements, mais …

Naturellement, il existe un certain nombre de maires qui, depuis, se sont ralliés au parti présidentiel; le plus notoire d’entre eux étant celui de Lyon, Gérard Collomb, qui fut un temps le ministre de l’Intérieur d’Edouard Philippe; à qui il faut évidemment ajouter ce dernier, qui, après avoir quitté sa mairie du Havre pour s’installer à Matignon, en brigue à nouveau la direction. Et l’on pourrait en citer quelques autres, notamment dans la grande ville de Toulouse où le maire sortant est à la fois soutenu par les macronistes et par la droite.

Pour autant, cela ne constitue pas une force de frappe électorale prometteuse, surtout dans le contexte actuel où, globalement, la popularité du pouvoir stagne dans des eaux basses: autour de 30 à 33 pour cent de satisfaits selon les sondages.

A l’inverse, la droite compte sur ce phénomène de reconduite des sortants pour conserver, sinon enrichir, son capital municipal. Elle tient solidement de nombreuses grandes villes, de Marseille à Limoges, de Bordeaux à Nice. Et même si elle reste encore en plein effort de reconstruction, elle peut espérer amorcer sur la scène nationale, à la faveur de ces élections locales, une sorte de retour comme force principale d’opposition. Un statut que lui a pour l’instant volé, en voix sinon en élus, le Rassemblement national de Marine Le Pen, qui lorgne quelques municipalités importantes du Midi méditerranéen (dont Perpignan, outre la conservation de Béziers) et du Nord ouvrier, mais ne devrait pas s’imposer comme la surprise du second tour, le 22 mars.

Beaucoup d’inconnues avant le second tour

Quant à la gauche, plus mal en point encore que la droite au plan national, elle dispose pourtant elle aussi de fortes positions municipales dont elle peut conserver un bon nombre, comme Strasbourg, Lille, Rouen, Brest, Dijon, Metz, outre Lyon déjà citée. Et bien entendu Paris, où la „bataille des dames“ fait rage entre la maire sortante socialiste Anne Hidalgo, décriée mais qui garde ses fidèles (autour de 24% des intentions de vote), la candidate sarkoziste Rachida Dati (25% mais guère de réserves de voix pour le second tour) et l’ancienne ministre macroniste Agnès Buzyn (environ 20%), qui pourrait bien, entre les deux tours, jouer les arbitres („T“ du 11 mars).

Tout comme le feront sans doute les Verts, dont le score national espéré, de l’ordre de 11 à 12%, recouvre en fait de grandes disparités d’une commune à l’autre, et que les maires sortants de gauche cultivent fébrilement – mais qui entendent ne pas se contenter du rôle de supplétifs.

Au total, donc, ces élections municipales françaises présentent bien des inconnues pour le premier tour, la moindre n’étant pas de savoir si la peur de la contagion au coronavirus viendra en limiter significativement le nombre de votants. Des inconnues que les résultats de demain soir pourraient dissiper un peu – ou non.