Au CasinoUn projet pour sensibiliser les lycéens aux métiers de l’art

Au Casino / Un projet pour sensibiliser les lycéens aux métiers de l’art
Le Casino Forum d’art contemporain prête son cadre pour attirer les élèves vers les études artistiques Photo: Editpress/Fabrizio Pizzolante

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„Mol kucken, wou dat hiféiert. Entscheed dech falsch!“ ou encore: „Däi Liewen ouni Zukunft? Studéier: Konscht, Schauspill, Musik, Literatur, Design, …“ se lisait en novembre 2018 sur un panneau au-dessus du stand de l’organisation Richtung 22. Leur but: attirer l’attention des élèves sur des études souvent considérées comme „non-productives“ et ne permettant guère d’avenir professionnel, par exemple dans les arts. Alors que „display.ed“, le plus récent projet éducato-culturel du Casino Luxembourg, Forum d’art contemporain, ayant lieu du 7 au 8 février, se présente bien moins provocateur, il poursuit la même ambition, tente une première initiative pour en finir avec ces préjugés.

Le message du „display.ed“ pourrait se résumer par la devise: „Vois le monde différemment, choisis des études dans un domaine créatif.“ Car selon les responsables du projet, Claire Buchler, Roland Herrmann et Christine Walentiny, le contact avec l’art, et la culture au sens plus large, élargit le regard sur le monde, nous pousse à „changer de point de vue“ sur l’existence et la société. Et afin de permettre aux jeunes d’avoir accès à cette possibilité, ils essayent donc d’abord de changer la perception des études et métiers créatifs.

Or de quoi s’agit-il concrètement? Le projet comprend deux volets visant aussi bien les enseignants que les lycéens: le Casino Luxembourg proposera des formations continues pour le corps enseignant le 8 février ainsi qu’une journée de rencontre pour les lycéens à partir de la 4e le 7. Y seront représentées en plus de l’université du Luxembourg et du Lycée des arts et métiers – les seuls au Luxembourg à proposer des études supérieures dans ce domaine – un grand total de sept universités et écoles supérieures de la Grande Région. De 12.00 à 18.00 h, les lycéens auront l’occasion non seulement d’échanger avec des artistes et des professionnels, mais aussi de participer à des ateliers pratiques avant de finir la journée avec un „afterschool“ animé par un dj-set de Lisa Pauly, élève en 3GA3D, la nouvelle section „Architecture, design et développement durable“ au Lycée Josy Barthel Mamer, vers 20.00 h.

L’échange est au centre du projet, il s’inscrit, selon ses initiateurs, dans la tradition de l’endroit qui, depuis sa création en 1882, a toujours été un lieu de rencontre. Cet échange, c’est notamment le „dialogue entre la culture et l’éducation“. En effet, deux des trois responsables, Claire Buchler et Roland Herrmann, qui ont rejoint l’équipe du Casino Luxembourg en septembre 2019, enseignent dans le secondaire. C’est dans cette fonction qu’ils ont pu constater un vrai intérêt des jeunes pour l’art et la création. Il leur paraît d’autant plus important d’informer sur les débouchés et les réalités des études d’art que les renseignements disponibles sur la Foire de l’étudiant, par exemple, ne semblent pas suffisants, notamment à la lumière de leur propre expérience.

Démanteler des préjugés

„Ce que le public ne sait pas forcément, c’est qu’on a des cours qu’on n’associe pas forcément à ce type d’études, comme l’histoire, la sociologie, la philosophie, etc.“, que l’étudiant en art n’est pas tout le temps en train de peindre, mais qu’il doit acquérir une grande culture générale au cours de sa formation. Un caractère interdisciplinaire qui ne se limite pas au niveau d’un domaine spécifique, comme peut en témoigner Roland Herrmann. Architecte de formation, il sait non seulement qu’il y a deux visions du métier très distinctes – une plus orientée vers le technique alors que l’autre est à vocation plus artistique – mais encore que, dans la réalité professionnelle, le dialogue est permanent: „L’architecte a besoin entre autres des ingénieurs, des designers, des urbanistes ou des graphistes et vice-versa.“ Une réalité bien éloignée de l’image d’Epinal de l’artiste dans sa tour d’ivoire.

En démantelant de tels préjugés et leur ôtant la peur, ils espèrent „donner aux lycéens la possibilité de choisir leur future école plus tôt et de manière plus ciblée“. Choisir parmi les multiples possibilités qu’offrent les études artistiques est complexe et se fait ainsi souvent en cours de route. Christine Walentiny a pu le constater elle-même: elle n’a eu l’impression d’avoir trouvé sa vocation qu’après avoir prolongé ses études d’histoire par un master en „Gallery studies“.

Le parcours d’un étudiant en art n’est pas figé et le pousse vers une interdisciplinarité toujours plus indispensable à notre ère: des carrières dans la restauration d’œuvres d’art, la photographie, l’illustration ou le design par exemple sont tout autant des débouchés possibles que la „freie Kunst“.

„Créer, c’est dans la nature de l’humain“

Mais plus que leurs trajets personnels, ce qui rend le moment propice à un tel projet, c’est une volonté
politique actuelle favorable. Elle se lit même dans le nom du projet: „.ed“ fait référence à l’éducation, le reste est une allusion au „Casino Display“, anciennement connu sous le nom de „Konschthaus beim Engel“, dont le Forum d’art contemporain reprendra la programmation à partir de l’automne 2020. Celle-ci tournera autour de plusieurs axes témoignant d’un même souci de soutien envers les jeunes générations. S’y retrouvent notamment l’organisation d’une „exposition annuelle regroupant plusieurs étudiants et jeunes artistes repérés lors des moments de rencontre et de prospection dans les écoles partenaires pendant l’année“, celle d’une „première exposition proposée à un jeune artiste luxembourgeois“ et plus généralement „l’orientation des élèves de l’enseignement secondaire luxembourgeois“.

Une véritable sensibilisation des lycéens à l’art semble notamment essentielle face aux évolutions sociales et économiques actuelles, à cette révolution digitale qui crée aussi bien de nouveaux moyens artistiques que des nouvelles réalités professionnelles: „Il y a beaucoup de métiers qui disparaissent. Penser, s’exprimer, créer, tout cela est dans la nature de l’être humain et il est donc crucial de montrer des métiers qui le permettent. On n’y pense peut-être pas au premier abord, mais les programmateurs des intelligences artificielles, par exemple, ont besoin d’une grande créativité.“

Et aussi la confrontation quotidienne permanente aux écrans et à internet a un impact non négligeable sur le rapport des jeunes au monde: „Nous avons aujourd’hui une appréhension du monde beaucoup plus globale. Suite à la digitalisation et l’omniprésence des médias sociaux, nous sommes ,connectés‘ entre nous à travers tous les coins du monde, nous partageons une iconographie, un langage visuel commun“, affirme Claire Buchler. „Aujourd’hui, le visuel devient de plus en plus important et décoder les images qui nous entourent est essentiel. L’exercice de l’analyse des images nous permet de mieux cerner le sujet de la composition, du pouvoir des images et de la conscience d’une expression créative.“

Répondre à une demande croissante

Les premiers échos au projet sont déjà très positifs, venant des lycées contactés comme des autorités. Cette année, le „display.ed“ a pu notamment profiter du soutien du Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques (Script). L’année prochaine, l’équipe espère élargir la liste des écoles participantes et des partenaires à „display.ed“. Un premier contact avec le Centre de documentation et d’information sur l’enseignement supérieur (Cedies) et la commune de Luxembourg a déjà eu lieu. Le but est de créer un événement annuel qui s’adresse à un nombre croissant d’élèves. La demande est en tout cas présente du côté des écoles – même au niveau du fondamental – et la volonté du côté de l’équipe du Casino Luxembourg.

Ecoles participantes

Ecole nationale supérieure d’art et de design de Nancy
Ecole supérieure d’art de Lorraine, ESAL
Haute école des arts du Rhin (HEAR), Strasbourg
La Cambre, Bruxelles
Académie royale des beaux-arts de Bruxelles
University of Luxembourg
Hochschule der bildenden Künste Saar, Saarbrücken
Hochschule Trier 
Lycée des arts et métiers (BTS), Luxembourg

Workshops

Cafésino
12.00-15.00 h: Restauration d’œuvres d’art avec les restauratrices de peinture et de papier Gisèle Reuter et Jacqueline Kopp-Gilliam
12.00 h, 14.00 h et 16.00 h: Creative Writing avec Charles Rouleau (45’)
12.00-18.00 h: Portfolio View avec HBKsaar – Saarbrücken
14.30 h: Meet the Art School 1 avec ESAL – Introduction à l’école d’art
15.30 h: Meet the Art School 2 avec ESAL – La suite du parcours, à la poursuite d’un métier

Hall d’entrée
12.00-18.00 h: Live Screen Printing avec La Cambre, Bruxelles
12.00-18.00 h: Présentation Tagtool avec Matthias Fritz

„Aquarium“
12.00-14.00 h: Meet the Artist avec Julie Wagener (créatrice du tote bag pour „display.ed“ 2020)
14.00-16.00 h: Meet Drockmeeschter (imprimeurs du tote bag pour „display.ed“)
14.00-16.00 h: Atelier d’architecture – Plastic (Waste) Dreams avec Tamara Biewers
16.00-18.00 h: Digital Photography avec Boris Loder