Pas grave si maintenant on se regarde dans le miroir et que l’image qui est renvoyée est celle d’il y a vingt ans, mais que la réalité d’aujourd’hui, la pratique politique, est tout autre. Donc forcément il y a un déni de réalité, on est persuadé qu’on agit toujours en conformité avec ses idéaux, dans le respect de ses positions antérieures.
Avant l’affaire Traversini/Dieschbourg, en fait deux affaires séparées, (que la majorité de la presse nous présente, pour la dépersonnaliser, comme l’affaire de la „cabane de jardin“) et qui est loin d’avoir touché à sa fin, on avait l’affaire de l’épicière qui a été nommée présidente du CA de Cargolux par le seul mérite qu’elle est membre des Verts, qu’elle a le melon et qu’elle a un atout supplémentaire: elle sait compter jusqu’à dix, sans se tromper. Et puis on avait une affaire, vite étouffée et jamais élucidée, d’une autorisation dans le contexte d’une crèche, où une députée européenne des Verts était impliquée.
Autre affaire non-élucidée, celle de la „Superdreckskëscht“, des ramifications plus que suspectes jusque dans le pré carré de la ministre démissionnaire, voire même de la nouvelle ministre dans le cadre de ses anciennes attributions administratives et, surtout, une gestion hasardeuse de l’affaire de la part de la ministre de l’Environnement.
La succession de la ministre
Rappelons-nous ensuite le dossier de l’ancien vice-président vert du gouvernement, victime d’un accident de santé, qu’on a liquidé sans ménagement et précipitamment pour pouvoir récupérer son siège. Il en était déjà question plus haut.
Et puis il y a l’affaire plus que rocambolesque de la succession de la ministre démissionnaire. Dans ce contexte il faut déguster sur la langue les manipulations perverses et diverses auxquelles on a assisté. En cas de passage d’un député de Sud au rang de ministre, le prochain sur la liste aurait été l’ancien ministre de la Justice. Or, comme les relations avec ce dernier sont très tendues entre-temps, on voulait éviter cette éventualité. Du côté de la circonscription du Centre, le prochain sur la liste aurait été une personne qui a tourné le dos aux Verts, pour des raisons de désaccords profonds. Mauvaise pioche également. Ainsi, on était quasi dans l’obligation de recruter à l’extérieur du cercle des Verts, n’en déplaise à la nouvelle ministre. Cette dernière n’était pas membre des Verts et n’a jamais figuré sur une liste électorale. En fait elle a été désignée par dépit! Dans le commerce, on appelle cela le troisième choix, en fait un pis-aller, pour éviter les deux autres. Du vrai travail de professionnel, bravo! Le gourou a beau se justifier et nous raconter des histoires, des balivernes (cf Tageblatt du mardi 10 mai), mais on n’est pas dupe.
Après il suffisait d’inventer un narratif pour présenter le tout, il fallait (de nouveau) recourir à un joli emballage pour cacher la misère. Mais ça on sait faire chez les Verts.
La série continue. Et voilà que surgissent les déboires d’un député vert qui semble avoir enfreint la loi sur les incompatibilités entre affaires privées et affaires publiques. Comparée aux précédentes, cette affaire fait un peu pâle figure, c’est vrai, mais quand-même.
Voilà pour les affaires, trop nombreuses certes pour les anciens chevaliers blancs. Restent les dossiers purement politiques où les fondamentaux des Verts ont été plus que bousculés, voire piétinés. La liste ne sera pas exhaustive, mais il faut se rappeler notamment leur passage aux affaires (politiques celles-là !) au Collège échevinal de la Ville de Luxembourg où l’urbanisation du nouveau quartier de la Cloche d’Or restera comme leur péché originel. Quel gâchis! Quelle belle occasion de faire naître un nouveau quartier d’après des critères écologiques qu’on n’a eu de cesse de prêcher. Mais pas ça! Autoriser la construction d’un nouveau quartier de ville au 21e siècle d’après des critères du début du 20e! Cela restera donc comme leur péché originel, et le Vice-Premier ministre serait bien avisé de ne pas récidiver au Kirchberg dans le cadre du projet „Kuebebierg“. Pas besoin de me dire qu’il s’agit dans le dernier cas d’un projet de l’Etat, contrairement au premier. Mais attention quand-même! La „privatisation des esprits“ a fait déjà beaucoup de ravages au Luxembourg en général, et chez les Verts en particulier.
On pourrait ajouter la réalisation lacunaire du réseau cycliste de la Ville de Luxembourg, toujours pas au point dix ans après, alors que ce sujet a constitué leur fleuron politique pendant des années, certes copié à la Ville de Paris. Et que dire, après avoir été farouchement contre pendant des années, de l’accord donné pour l’agrandissement de certains parkings en ville. La devise des Verts (toujours exacte!) était: „Plus de parkings en ville attirent encore plus de circulation“. On l’a dit, répété, déclamé, crié sur les toits, et, à la fin, on fait le contraire. Super!
Au niveau national, il faut dénoncer la mise en vitrine de deux approches qui se contredisent d’une manière flagrante. Il est question d’un côté de la bétonisation sans limites qui est en train de s’effectuer au Luxembourg. Pendant ce temps, le Mouvement écologique admire la pointe de ses souliers. Le chantre de la critique de la construction de routes, avant qu’il n’arrive aux affaires, doit accepter aujourd’hui, le reproche que jamais, oh jamais, on a autant bétonné au Luxembourg, principalement pour construire ou élargir des routes, contournements compris, à tout va.
Qu’il est beau le discours opposé, également vert, qui prône la biodiversité. On détruit mille, et on reconstruit cent. La main gauche verte vilipende le béton et prône la biodiversité, alors que la main droite verte ne cesse de faire marcher la bétonneuse.
Jeu de rôle?
Et que dire de la nouvelle reconversion aux mesures de compensation en cas de construction d’une route, mesures qu’on vilipendait également, à juste titre, avant d’arriver aux responsabilités. Aujourd’hui, trente ans après, la plupart des mesures de compensation, par exemple dans le cadre de la route du Nord, s’ennuient toujours dans la salle d’attente … Et puis il y a aujourd’hui les contournements des localités, jetés aux orties avant et combattus quasi religieusement pendant des années, qui refont surface comme si de rien était. Repeints en vert ils sont éco-compatibles dorénavant, paraît-il.
On pourrait allonger la liste, parler du moins-disant au niveau de la lutte contre les changements climatiques, la politique de l’énergie qui avance cahin-caha (où est par exemple le programme national des économies d’énergie, indispensable au vu de la situation internationale?). La politique du logement, n’en parlons pas, échec total. Il n’y a que la politique de la mobilité qu’on peut citer un zeste positivement, mais son coût, que personne ne peut évaluer, doit être ééénorme. La relation coût/efficacité reste à démontrer.
Pour finir, permettez-moi de revenir, rapidement, sur un des chevaux de bataille favoris des Verts pendant des années, déjà évoqué ci-avant, je parle de la „démocratie de base“. A part le slogan rassasié, rien de nouveau sous le soleil. Faute de place, je ne veux pas entrer dans les détails. Mais aucune nouvelle pratique démocratique, ni dans le parti, où on rétropédale plutôt dans ce domaine, voir le nouveau rôle du Grand-Duc évoqué plus haut, ni aux affaires gouvernementales, ni au niveau communal.
Aujourd’hui les Verts sont devenus tellement banals, manquent de souffle, ne sont plus force de proposition, font bailler, déconnent comme les autres, suivent leur gourou les yeux fermés ou la ferment pour ne pas entraver leur carrière, d’où d’ailleurs le nom de carriéristes.
La meilleure preuve de leurs reniements permanents consiste dans le fait que la plupart des anciens, des pionniers, leur ont tourné le dos.
Dommage! Une belle occasion historique manquée!
Car dorénavant, comme ailleurs, ce sont les petits carriéristes qui mènent le bal. Et les bobos et les fonctionnaires de l’Etat qui gonflent les rangs du parti et qui, pour leur bonne conscience, vont faire leurs courses au „Biobuttek“, avec ou sans Porsche, pour s’auto-convaincre qu’ils sont réellement de bons soldats écolos, au moins en ce qui concerne la façade. Pour le reste, les pratiques sont très souvent loin d’être écologiques …
(La première partie de cet article a été publiée hier)
* René Kollwelter est ancien député et membre du Conseil d’Etat. Co-auteur, avec Dulli Fruehauf (+), du bestseller „Umweltatlas für Luxemburg“, RTL-éditions 1987 et, pendant 15 ans, président de la Commission de l’Environnement de la Chambre des députés.
-le ver et dans les dans les verts - c'est plutôt un "vermoulu"
Et geet elo duer mat dene grëngen Guruen.
Bon commentaire!
Mais qu'est-ce que Porsche a à foutre là-dedans?
Est-ce qu'il s'agit d'une accusation forfaitaire?
(Sippenhaft).
Cette marque est connue pour sa longevité, le maintien de la valeur et produit le meilleur véhicule électrique actuel dans une nouvelle usine CO2- neutre.
A bas les vieux clichés dépourvus de fondement!