Headlines

ForumEnfin dégagés! Les convulsions publiques et le rétropédalage pénible de deux anciens ministres

Forum / Enfin dégagés! Les convulsions publiques et le rétropédalage pénible de deux anciens ministres
 Photo: Editpress/Fabrizio Pizzolante

Jetzt weiterlesen! !

Für 0.99 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Ouf, enfin! Enfin nos anciens ministres, plus proches de Moscou que du monde occidental, ont fini par lâcher leurs postes en or. C’est vrai que les parures dorées des sièges dans les divers conseils d’administration russes étaient entachés du sang des combattants et des citoyens ukrainiens.

Il était minuit moins une, docteurs …

Devant la pression, publique et non publique, de plus en plus forte depuis 24 heures, ils ont fini par lâcher les lingots d’or russes, à l’insu de leur plein gré. Devant une opinion publique qui n’était pas disposée à accepter que ces énergumènes utilisent leur ancienne aura de ministres, donc un know-how et un carnet d’adresses acquis grâce à leurs anciens mandats politiques luxembourgeois, pour continuer à faire des affaires avec des sanguinaires russes, les Dr Folamour des temps modernes.

Connaissez-vous la definition du mot „affairiste“? D’après le dictionnaire on entend par là „homme, femme d’affaires avant tout préoccupé(e)s du profit“. Vous voulez une autre définition d’un autre dictionnaire? „Qui se rapporte à l’affairisme, fait de faire des affaires sans scrupules“.

Affaires privées? Si tacuisses!

Pendant plusieurs jours on voulait nous persuader, le président du groupe socialiste en tête, qu’il s‘agissait d’affaires purement privées, rien à voir avec l’attitude guerrière de la Russie. Ah, comme c’est beau de faire de jolis discours le dimanche, et de tout oublier en semaine quand les faits, qui sont têtus, exigent des actes précis, sans concession.

Il s’agissait de préserver l’emploi, s’est empressé de claironner, sans rire, un de ces deux tristes sires dans un premier temps. Puis il se positionnait, toujours sans rire, comme „le sauveur d’une banque luxembourgeoise“, mais, pardon, nuance importante: aux capitaux et aux propriétaires russes. Donc si on a bien compris: tel Jésus, notre sauveur, ils sont restés jusqu’au bout pour (se?) sauver. Quel sacrifice! Chapeau! C’était une boutade, ou quoi? Pour après déclarer qu’on allait verser les tantièmes russes à des associations d’aide humanitaire … ukrainiennes.

Pourquoi ces gens ne cessent de se foutre de notre gueule?

Mais commençons par le début de cette histoire.

On les connaît trop bien, on connaît surtout leur penchant pour le fric, le bling bling, les soirées dansantes au Bal russe du Cercle municipal, où, tous les ans, on tourne en rond avec les blondes et les blonds russes, on parade en smoking, hélas devenu trop étroit au fil des ans, on apprécie ces moments où on est entre soi, où on peut enfin déguster les résultats d’une année de lobbying pour des oligarques russes arrogants et vulgaires qui puent le fric, jeter aux orties principes et fondamentaux de son parti politique, qu’on n’a, de toute façon, jamais respectés, enfin on peut savourer de vraies récompenses, méritées ou non, des fruits du travail de toute une vie pénible (sic), qui se traduiront tôt ou tard par des espèces sonnantes et trébuchantes, on peut presque se hisser enfin au niveau de ses idoles, l’ancien chancelier allemand et l’ancien premier ministre français, ce dernier venant de quitter ses fonctions, un bel exemple finalement suivi, malgré tout …

Mais il fallait que ça rentre, que les comptes en banque ici ou ailleurs, débordent, le revenu moyen d’un membre d’un tel conseil d’administration tourne autour de 200.000 euros par an, des „peanuts“ c’est vrai, presque 100 fois le salaire minimum au Luxembourg, pour ne rien foutre ou presque … Alors qu’un minimum de respect et de solidarité pour l’Ukraine aurait demandé une démission rapide, les voilà embourbés pendant des jours dans des discussions et des accusations sans fin, se foutant éperdument de tous les dommages collatéraux qu’ils ont suscités, se cramponnant à leurs sièges dorés mais recouverts de sang, dont leurs amis russes sont directement responsables.

Des compensations?

Comme le fric est le moteur de leur existence, le gouvernement devrait libérer des fonds pour compenser éventuellement leurs pertes de revenu qui va les mener au bord de la pauvreté (attention: deuxième degré, répété plus loin!). C’est vrai que les retraites de ministre sont tellement maigrichonnes qu’il faudrait un complément de revenu pour qu’ils passent l’hiver sous les tropiques, comme avant.

Que le monde est injuste avec eux, c’est vrai qu’on est tous jaloux d’eux et on aimerait être à leur place …. Et maintenant ce putain de Poutine avec son conflit qui risque de tout remettre en cause, qui jette (enfin ou hélas) la lumière sur leurs activités sournoises qui se trament, de préférence, loin des caméras, souvent en terre russe, alors qu’avant, on recherchait en permanence leur lumière, on aimait pavaner devant elles. Finalement c’est grâce à leur passé politique et certainement pas grâce à leurs compétences ou leur charme personnel que les deux „administrateurs“ en question ont bénéficié depuis des années de ces postes si peu glorieux mais tellement bien rémunérateurs. Les carnets d’adresse d’un ministre sont une vraie arme recherchée par la classe dominante liée au gouvernement russe, le terme d’oligarque désignant, depuis la dislocation de l’empire soviétique et de l’adoption de l’économie de marché, des personnes du monde des affaires en lien avec le monde politique russe. Avant on les appelait d’ailleurs des apparatchiks de la dénommée Nomenklatura.

Politiques et conseils d’administration

De toute façon le fait que des anciens responsables politiques se retrouvent dans des conseils d’administration devrait faire l’objet d’un vrai débat, les deux personnes visées aujourd’hui n’étant pas les seules. Anciens du CSV et du DP, faites le canard!

Et le passage direct et rapide du Conseil des ministres à un siège d’un conseil d’administration d’une entreprise privée ou autre devrait être réglé par la loi. Celle de 1990 s’avère insuffisante, il faut la corriger, l’amender, la mettre à jour, la rendre plus rigoureuse.

La situation était claire et limpide. En fait, en collant trop longtemps à son siège d’administrateur, on cautionne directement les actes d’un dictateur qui ne respecte pas les traités internationaux, apporte la guerre en Europe, on se fait le complice d’un régime sanguinaire et de la mort de milliers de personnes. Il était tout simplement inacceptable que des anciens ministres luxembourgeois continuent de siéger dans des conseils d’administration d’entreprises et de banques russes, alors que le gouvernement russe bafoue le droit international, sème la terreur sur le territoire ukrainien et met le monde entier en danger. Et au cas où les concernés ne l’auraient pas encore noté: en quelques jours une nouvelle ère politique a commencé où, notamment, beaucoup de dérives et de recettes, de mauvaises habitudes et de combines de l’Ancien régime ne seront plus tolérées.

Il faudra changer de stratagème et de crèmerie, Messieurs!

Voilà pourquoi, dans le cas présent il était juste d’appliquer le mot d’ordre employé il y a une dizaine d’années pendant le printemps arabe en Tunisie: „Dégagez!“

René Kollwelter est ancien député du LSAP et ancien membre du Conseil d’Etat

Gerges Pierre
2. März 2022 - 9.08

Den Här Kollwelter kann sech selwer e gudd Stéck vun senger rosener Morallektioun fir den eegene Gebrauch reservéieren !

charlesplier1960
1. März 2022 - 8.40

Excellent article!!!!!
Espérons que ceci sera le déclenchement d'une vaste action contre ces "affairistes" et lobbyistes.
On devrait les envoyer chez Poutine et les déclarer comme personae non gratae.