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ForumCe que nous attendons des Assises culturelles 2020

Forum / Ce que nous attendons des Assises culturelles 2020
 Photo: Editpress/Hervé Montaigu

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Nous savons aujourd’hui que la pandémie du coronavirus n’est pas seulement une crise sanitaire, avec ses conséquences économiques et sociales, mais que c’est une crise plus globale, s’ajoutant aux crises déjà existantes: écologique, politique et culturelle. L’après-Covid-19 est tout aussi inquiétant que la crise sanitaire elle-même: renforcerons-nous les inégalités et les injustices existantes ou allons-nous vers un monde qui remettra l’homme au centre et qui reconnaîtra que la culture est un „bien commun“, une ressource renouvelable à travers laquelle nous nous rencontrons, découvrons ce qui peut nous unir et apprenons comment nous engager avec nos différences dans un espace partagé et solidaire? La pandémie a manifestement creusé les écarts sociaux et mis en péril des existences. 

Parmi ceux qui ont particulièrement souffert de la crise du coronavirus, il y a les artistes, les auteurs et autrices, les interprètes, les technicien·ne·s, le spectacle vivant, les petites structures, notamment associatives, les acteurs et actrices socioculturel·le·s sur le terrain. Le Covid-19 a révélé nos insuffisances et nos fragilités.

Si la réponse du ministère de la Culture à la crise a été globalement satisfaisante, si la réponse des artistes, grâce à leur inventivité, a pu aider à parer au plus pressé, il nous appartient de réinventer – tous ensemble – la culture „live“, „in vivo“, mais aussi le domaine et le secteur de la culture.

De la part de „notre“ ministre et des Assises culturelles 2020, nous attendons une réponse forte à deux séries de questions:

Comment faire en sorte que la culture, ce „produit de première nécessité“, devienne un „bien commun“, dont l’importance systémique soit pleinement reconnue, y compris dans la dotation budgétaire du secteur culturel?

Comment réaffirmer, clairement, le rôle fondamental des actrices et des acteurs culturel·le·s pour développer non seulement la créativité et le sens de l’innovation des citoyen·ne·s et de la communauté, mais aussi leur bien-être général et leur résilience face aux crises et enjeux de notre société?

Si le KEP, pour répondre à cette série de questions, est sans doute une „boîte à outils“ utile, la crise du coronavirus entraîne pour nous l’opportunité et la responsabilité de penser au-delà des frontières existantes, afin de développer une culture plus inclusive, plus durable et plus démocratique, à travers de nouveaux „modèles“ de politique culturelle et de pratiques artistiques et culturelles créatives et innovantes.

Nous sommes profondément convaincu·e·s que la culture peut nous réunir et donner sens à une société qui cherche sa voie, étant le lieu où se rencontrent et se partagent les imaginaires qui font communauté. Elle est la source de leur réinvention possible, à l’heure où nous devons redéfinir notre relation aux autres, au monde, à la nature. 

Comment, au-delà de l’avenir du „secteur culturel“, le monde culturel et ses actrices et acteurs peuvent-ils et elles contribuer activement à une nouvelle hiérarchisation des valeurs, où santé, enseignement, partage des savoirs et des savoir-faire, coopération et solidarité, empowerment des citoyen·ne·s, développement durable et stratégie de changement démocratique occupent le haut de l’échelle?

 Si nous saluons le volet „culture“ dans la déclaration sur l’état de la Nation, plusieurs défis devront être relevés:
 
• Nous avons besoin d’une vision de la culture qui garantisse l’équilibre entre une politique culturelle émancipatrice (éducation, intégration de toutes les cultures, citoyenneté culturelle), une politique culturelle visant le développement économique (industries culturelles et créatives, tourisme, Nation Branding) et une politique culturelle visant les loisirs et le bien-être social. 

• La réflexion sur la culture ne se fait malheureusement pas encore sur la place publique (sauf pour des aspects sectoriels, par ailleurs légitimes) ni dans les partis politiques. Voilà pourquoi nous avons besoin d’une plateforme de partage des connaissances, de débat, de réflexion et d’accompagnement critique de la politique culturelle.

• L’effondrement du spectacle vivant lié au coronavirus a eu un impact considérable sur les revenus des artistes concerné·e·s. En s’adaptant aux nouveaux enjeux, ils ont créé de nouveaux formats de diffusion, notamment à travers l’internet. Faute de régulation du marché numérique, ce sont surtout les géants du web qui s’enrichissent tandis que les créatrices et créateurs se battent pour des miettes. Une transposition rapide en droit national de la directive européenne UE 2019/790 sur le droit d’auteur favorable envers les créatrices et créateurs est impérative afin de garantir une rémunération équitable de tous les ayants droits.

• Pendant la crise s’est beaucoup posé la question de la nécessité de l’art pour une société. Bien que son utilité primaire, celle de divertir, ait été fortement soulignée et reconnue, on doit affirmer aussi sa nécessité sociale. Le défi est de fortifier la réciprocité entre culture et société, celui de revaloriser la culture au sein de la société. Dans ce contexte, une politique culturelle durable implique le développement d’une stratégie qui remette les arts et la culture à la place qui leur revient, comme facteur de qualité de vie, de catalyseur de débats et d’échanges et de facteur structurant pour une société.

• Les différents secteurs de la culture sont dépendants des collaborations et échanges internationaux et applaudissent donc tout effort concret qui se fera dans la direction d’une homogénéisation des mesures européennes face au Covid-19 et du maintien de frontières ouvertes, conditio sine qua non pour la nécessaire mobilité des artistes.

• Les mesures face à la Covid-19 génèrent des surcoûts considérables pour la production et la diffusion culturelles, alors que les budgets n’ont pas été augmentés et risquent même de diminuer. Cela sera surtout ressenti par les actrices et acteurs culturel·le·s qui travaillent en tant qu’indépendant·e·s ou avec des contrats à courte durée, ainsi que par les petites institutions et associations culturelles. La situation actuelle exige une stratégie proactive visant à protéger à long terme les actrices et acteurs culturel·le·s. Dans ce contexte, une attention particulière devrait être accordée au dossier concernant le statut des intermittent·e·s du spectacle et des artistes professionnel·le·s indépendant·e·s, pour le moment le seul instrument efficace de protection en cas de crise.

• La crise a mis en évidence à quel point un partenariat et un échange à long terme entre le ministère de la Culture et les acteurs et actrices culturels est essentiel et indispensable. Il faut éviter que les associations ne se trouvent placé·e·s devant des faits accomplis, malgré une échange d’informations en amont. Une telle démarche exige une stratégie de communication active, efficace et transparente. Voilà pourquoi il est important de ne pas seulement „consulter“ les associations représentant les différents secteurs et filières, mais de les intégrer aussi dans le processus décisionnel de développement de solutions.

Il faut constater que la crise de la Covid-19 a amplifié un certain nombre de problèmes qui participent au maintien de la vulnérabilité sociale des actrices et acteurs culturel·le·s.

Le développement de stratégies bien adaptées et un véritable échange en toute transparence avec le ministère nous paraît nécessaire, afin de remédier aux défis, actuels et futurs, auxquels font face le domaine et le secteur culturels.

Nous espérons que les Assises culturelles y apporteront leur pierre et que les „conclusions“ de la ministre répondront à nos préoccupations et à nos souhaits.

Association des Artistes plasticiens du Luxembourg a.s.b.l. (AAPL)
Association des actrices et acteurs de Luxembourg a.s.b.l. (Actors.lu)
Association luxembourgeoise des Professionnels du Spectacle vivant a.s.b.l. (ASPRO)
Association luxembourgeoise des Réalisateurs et Scénaristes a.s.b.l. (LARS)
Association luxembourgeoise des Techniciens de l’Audiovisuel a.s.b.l. (ALTA)
Fédération luxembourgeoise des Auteurs et Compositeurs a.s.b.l. (FLAC)
Forum Culture(s)

J.Scholer
27. Oktober 2020 - 17.23

Le bien commun, c‘est notre santé, le reste „peanuts“.