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Motrice de quoi, l’Univ‘?

Motrice de quoi, l’Univ‘?

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En 1968, la société sclérosée, pour sauver l’essentiel, devait bien concéder quelques réformes aux étudiants en colère. L’Université hors contrôle un court instant fut cependant remise au pas bien vite. Son rôle n’est-il pas de produire das élites capables de trouver leur place dans le meilleur des systèmes économiques, pour le développer, sans le mettre en question?

Petit rire jaune. – Un demi-siècle «après», l’Université occidentale est férue de rankings. Qui monte, qui descend? La nôtre, la luxembourgeoise déjà dans le top 200? Merveilleux, félicitations!

Il est vrai que «nous» mettons le paquet depuis 2003. Nulle part ailleurs en Europe on a tant investi dans la création d’un enseignement supérieur nouveau. L’Université du Luxembourg, installée sur son site de Belval, ne manque de rien, ou presque. Elle attire des enseignants de plus en plus brillants, et, en bonne logique, un petit peuple d’étudiants surdoués, venus des quatre coins du monde.

Bologne, l’alma mater studiorum fut fondée en 1088 dans un esprit de rupture. A l’école cathédrale de l’évêque devait succéder un enseignement libre de rechercher, de questionner, d’analyser, de proposer. Au fil des siècles, les universités européennes, maîtresses du savoir à développer et à transmettre, cultivaient la liberté de penser plus loin, dans toutes les disciplines. Elles assumaient pleinement et fièrement leur capacité d’accélérer les projets politiques, scientifiques et culturels, tels que la recherche les rendait possibles.

L’imparfait, dans la phrase qui précède, exprime le doute de votre serviteur sur la finalité des orientations prises depuis deux générations par l’Université occidentale. Comment, en effet, ne pas voir partout la même subordination aux intérêts premiers de l’économie de marché?

L’Université n’est-elle pas en passe de devenir, au sein de l’économie de marché, une sorte d’entreprise examinée et cotée par les agences de rating privées? Ses ressources ne vont-elles pas dépendre de façon croissante de sa capacité d’être «utile» au premier degré, en produisant les personnels qualifiés exigés par – oui, le voilà encore, ce mot – par le marché, ce Léviathan privé, indompté et féroce?

Le savoir et l’usage qui en est fait déterminent le devenir de la société humaine, universelle. L’apprentissage, l’accumulation, l’extension du savoir est un objectif dont la finalité devrait être cette fameuse société humaniste parfaitement accessible, mais qui s’éloigne actuellement au pas de course. Trop grands, trop puissants sont les intérêts matériels en jeu.

L’Université trouvera-elle en soi les moyens de se libérer, de reprendre ses distances du sponsoring économique?

Il faut l’espérer, pour le bien public et l’intérêt général.

Thomas
15. Juni 2018 - 11.40

Je veux bien que l‘Université soit financée intégralement par les deniers publics, gratuite pour tous et orientée vers le bien général avant de servir la demande pointue de l‘économie de marché. Mais le contribuable sera-il disposé à accepter, pour cela, de payer davantage d‘impöts?

Pit
14. Juni 2018 - 16.01

Ech bleiwen derbun iwwerzeegt, datt et fir lëtzebuerger Studenten besser ass, an d‘Ausland ze goen. Waméiglech op eng Uni, déi Klass an Traditioun huet.

GuyT
14. Juni 2018 - 13.31

Les élèves brillants (p.ex. les champions du Bac respectivement les lauréats des concours olympiques en math. ou autre) ne choississent malheureusement pas l'Université du Luxembourg.