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Mai 68, toujours incompris

Mai 68, toujours incompris

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Depuis des mois, Mai 68 fait couler des fleuves d’encre, ou plutôt, anime les grands et les petits témoins à se souvenir de leur vécu. Il y a abondance de chronologies; les faits sont soigneusement remis dans leur contexte par la presse bien préparée, et sur la toile, on trouve tout sur les acteurs, les événements, la violence, les aboutissements. Rarement, les médias ont aussi bien travaillé et pourtant, l’essentiel n’est pas dit de façon convaincante: pourquoi cette révolte aux allures de révolution?

Et si, tout simplement, personne, à l’époque, n’avait vu venir «ça»? Ni les sondeurs d’opinion, ni les dirigeants politiques, de Gaulle en tête, ni les partis, ni les syndicats, et surtout pas les intellectuels, les étudiants et les bonnes gens?

Des mouvements épars, partis chacun pour obtenir des choses qui apparemment n’avaient rien à voir ensemble, furent les ingrédients de cet incroyable cocktail. Des ouvriers prêts à en découdre pour de meilleures conditions de travail et des salaires augmentés, des jeunes pour rompre avec le code sociétal transmis trop facilement de génération en génération.

Et soudainement, comme par magie, la colère grondait partout dans Paris, une colère explosive, une colère qui n’était pas orchestrée, une colère qui échappait au contrôle des tireurs de ficelle, aux pouvoirs classiques. De Gaulle n’y comprenait rien, le parti communiste avec ses fins analystes non plus; ne parlons même pas de la gauche émiettée.

C’est ce qui rend Mai 68 si attrayant: on ne l’avait pas vu venir, il n’était pas né dans une salle enfumée de théoriciens révolutionnaires, tous les leaders du moment restaient un long moment ébahis, abasourdis. Heine aurait noté avec plaisir que le peuple, «das Volk, der große Lümmel, greinte», mais sans s’en laisser conter.

C’est cela encore qui rend Mai 68 si dangereux aux yeux des forces visibles et occultes qui commandent la société contemporaine, construite pour les besoins de l’économie pure et dure de marché. Mai 68 aurait pu se terminer en «vraie» révolution; Mai 68 n’a accéléré finalement que quelques réformes sociétales, inévitables d’ailleurs.

Et Mai 68, par retour du balancier, a consolidé l’empire de la droite en France et ailleurs, pour de longues années.

Quelle leçon en tirer, un demi-siècle plus tard? Mais qu’il faut attendre le prochain sursaut du Große Lümmel. Il aura lieu!

roger wohlfart
12. Mai 2018 - 10.02

On a bel et bien l'impression que le genre humain n'a pas l'esprit vif.

Pit Senninger
9. Mai 2018 - 21.12

Waat wor dann dei greisten Manif zu Pareis 1968?

Dei vun den Gaulisten, den 30 Mee 1968.

Demols, ewei haut, sinn dei dei am härsten jaitzen an der Minoriteit.

Roger
9. Mai 2018 - 20.36

Mai 68: des événements sociétaux et sociaux condidérables, mais loin de cumuler la masse critique pour muter en révolution.

Fred
9. Mai 2018 - 13.14

Richteg, vollkommen richteg, esouguer dei Greng ewei dei Lenk oder KP, dei aner souweisou!

Scholnier
9. Mai 2018 - 11.39

Les révolutionnaires d'antan ont pris leur place dans les fauteuils de direction , de la politique , sont devenus obstétriciens d'un monde globalisé, d'une politique néolibérale.

Rommes
9. Mai 2018 - 10.13

Gegen den Grossen Lümmel halten die Neoliberalen ihren Dicken Knüppel parat, in Gestalt der Austeritätspolitik. Die Griechen haben ihn zu spüren bekommen...