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La journée de la femme

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Par Charles Munchen

Récemment Maître Vogel s’est élevé contre la journée de la femme, la qualifiant,
si mes souvenirs sont bons, du terme choisi de «grande connerie» (la journée, pas la femme), terme que ma maman m’aurait interdit d’utiliser dans une lettre de lecteur comme celle-ci.

Grand érudit, il cite beaucoup Saint Paul qui effectivement met, dans ses écrits, la femme plus d’une fois à un rang bien inférieur que l’homme, infériorité que l’Église catholique a prônée jusqu’à des temps très proches d’aujourd’hui. Les preuves données par Maître Vogel sont évidemment bien étayées et donc indéniables. Ce que l’on peut remarquer en premier, c’est que dans tous les messages qui nous sont parvenus de Jésus lui-même, je ne me rappelle pas avoir jamais relevé la moindre misogynie, au contraire!

Certes, cela commence avec l’histoire de la Genèse selon la Bible dans laquelle c’est la femme qui «sort» de l’homme, alors que dans la nature ce serait plutôt l’Homme qui «sort» de la femme, n’est-ce pas ? J’ai un mis un H majuscule à Homme, bien sûr, pour indiquer que je désigne l’être humain. Disons que les rédacteurs de la Bible auront mal interprété le message «divin» et se seront laissés guider par leur misogynie profondément coutumière en ces temps reculés.

En effet, si l’on élargi ses propres vues sur la question, force est de constater que l’égalité homme-femme est une idée très récente. Dans pratiquement toutes les civilisations anciennes sur tous les continents, la femme a un statut inférieur à celui de l’homme: chez les peuples du Moyen-Orient, chez les Egyptiens, chez les Grecs et les Romains, chez nous avant le christianisme; en Chine, aux Indes, au Japon, etc. Même si cette infériorité est parfois moins prononcée ici que là. Des sociétés matriarcales ont existé mais elles sont très rares et très restreintes en nombre. Des sociétés égalitaires sont encore plus rares et généralement extrêmement restreintes et d’un degré de civilisation très inférieur au nôtre (devrais-je mettre ici le mot civilisation entre guillemets?)

À mon avis l’humanité évolue depuis son début vers le bien et non vers le mal. Nous les Occidentaux sommes à la pointe de cette évolution. Vous, lecteur, je vous sens secouer la tête négativement en pensant à toutes les horreurs qui se passent dans notre monde d’aujourd’hui et dont les médias nous bombardent quotidiennement. Vous avez peut-être partiellement raison! Mais cette marche vers le bien ne peut être que d’une lenteur extrême puisqu’elle a commencé avec l’avènement de l’être humain. De plus, elle avance en dents de scies.

Il suffit de réfléchir un tant soit peu pour le constater: dans la justice, l’égalité, la santé, le bien-être global, l’érudition et les connaissances généralisées, etc., etc. Bien sûr, nous n’avons de loin pas atteint le septième ciel du bien généralisé, ni même peut-être seulement le premier, mais l’évolution va dans ce sens, j’en suis moi-même persuadé.
Que nous réserve l’avenir? Qu’est-ce qui va débouler sur nos têtes dans les années à venir: technomédecine, robotisation, transhumanisme …? Allez savoir …! Mais restons optimistes et n’oublions pas qu’après la pluie vient le beau temps et vice-versa. L’être humain a toujours réussi à se sortir des pires situations.

Idée symbolique

Là où je me rallie à l’opinion de Maître Vogel c’est que je trouve moi aussi une journée de la femme une fausse bonne idée, symbolique, certes, mais qui ne changera absolument rien du tout dans l’opinion, dans la tête de nos concitoyens occidentaux. C’est épidermique!
L’égalité encore trop relative de la femme avec l’homme, telle que nous la connaissons aujourd’hui, chez nous est d’une prise de conscience extrêmement récente comme le souligne Maître Vogel puisque au début des années 1960 une femme était encore considérée comme mineure. Que représentent 50-60 années dans l’évolution de moeurs aux racines multi-millénaires?

Mettre la misogynie sévissant malgré tout encore aujourd’hui sur le dos de Saint Paul est rondement excessif. Personnellement misogyne ou pas, ce dernier se ralliait aux moeurs indiscutées de son époque, bien qu’il eut été préférable qu’il se basât davantage sur le message visionnaire de charité, de bonté, de justice humaine, de commisération de son maître le Christ.

L’Eglise suivit en cela ce promoteur du christianisme et ne commença à mettre, bon gré mal gré, de l’eau dans son vin de messe que sous les coups de boutoir de la société se démenant depuis la Renaissance pour se débarrasser des chaînes que l’Eglise lui avait imposées. Et là pourtant, il y a aussi encore beaucoup à faire sur le chemin de l’égalité homme-femme. Mais les racines sont profondes et puissantes et il n’est pas dans les habitudes de l’Eglise d’arracher de telles racines illico presto, c’est le moins que l’on puisse dire!

Mais gardons les pieds sur terre. Je trouve scandaleux qu’aujourd’hui encore certaines femmes sont moins payées que des hommes pour le même poste, par contre, une chose que je trouve personnellement erronée, c’est la parité. Je trouve absurde qu’on soit obligé de choisir une personne moins qualifiée pour un poste important qu’une autre plus qualifiée, uniquement au nom de la parité, que ce soit une femme ou un homme. Les efforts de changements sont à investir à la base et non en surface, par l’éducation des enfants dès la naissance.

Mais surtout dans la tête de beaucoup de parents qui devraient être éduqués à oublier le clivage millénaire trop prononcé homme-femme, clivage devenu archaïque mais encore trop pratiqué. Parents qui devraient être engagés à développer davantage que l’habitude millénaire le voulait, la part de «masculinité» chez leur bébé fille et la part de «féminité» chez leur bébé garçon. Qu’on n’entende plus «un homme ne fait pas ça» ou «une femme ne fait pas ça». Tout en gardant bien en conscience que les femmes et les hommes ne sont pas identiques mais similaires.

Les choses dans ce sens ont déjà énormément progressé depuis la moitié du siècle dernier, mais beaucoup reste encore à faire. C’est trop facile de libérer la conscience sociétale par une journée de la femme et par la parité.