… n’est-ce pas ce que sont la plupart des personnes, l’attente du printemps, de la lumière, du ciel bleu?
2017 ne fut une année facile. Normal que l’on compte sur 2018 pour inverser le cours des choses, ce qui obligerait les uns à oublier leur ego surdimensionné, les autres – parfois les mêmes – à faire preuve de lucidité et d’honnêteté intellectuelle, les troisièmes enfin à faire face à la réalité, telle qu’elle est, que cela plaise ou non.
Commençons par notre métier, les médias. L’OCDE, pour dotée qu’elle soit de hauts et de moyens fonctionnaires, disserte sur la liberté de la presse. Et les premiers concernés, les journalistes, tombent droit dans le piège. Pourtant!
Non, ce ne sont pas les guerres, pas les dictateurs (politiques), pas les gouvernements avides de petites économies pour remporter une élection qui menacent en premier cette liberté. C’est tout bonnement l’absence d’hommes et de femmes désireux de dépenser le juste prix pour s’informer, pour admettre que l’information approfondie a un prix et que le journalisme n’est pas gratuit. Non, les salaires ne poussent pas dans un rayon de supermarché et le journalisme sans rentrées d’argent n’existe pas et dès lors, la liberté de la presse non plus. A quoi il faut ajouter que cette liberté exige l’indépendance qui, elle, est à la fois financière et morale. Les grandes âmes autodéclarées appelleront cela «intellectuelle» … Oui, il faut être libre dans sa tête, libre face aux chapelles, même quand on partage certaines idées, libre face aux pressions, libre devant les usurpateurs en tout genre, à commencer par ceux – nombreux – qui prétendent tout savoir, notamment de l’un des métiers les plus difficiles qui soit et qui – de surcroît – est à la croisée des chemins.
2017, achevé, avec son lot de déceptions, de misère, de guerre.
2017, bien fini avec les exigences toujours plus pointues au nom de la justice, car faisant égoïstiquement fi des inégalités. Regardons chez nous. Bien sûr, qui ne voudrait gagner plus, travailler moins, faire ce qu’il veut quand il veut? Combien d’entre nous recrachent des affirmations toutes faites, vite lues quelque part, brièvement entendues au café du commerce, réel ou virtuel? Un exemple: le revenu universel généralisé. Il y a un ou deux ans, cette idée surgissait dans certains milieux économiques et politiques. Idée intéressante en tant que telle. Depuis lors, elle apparaît ici et là comme une panacée. Et, plus surprenant, reprise dans les milieux patronaux. Comment se fait-il que l’on ne s’aperçoive pas (quelques penseurs commencent à le relever) que c’est la plus récente trouvaille du système capitaliste pour survivre à lui-même? On jette quelques bricoles et on fait taire quelque temps le bon peuple? Car c’est bien de cela dont il s’agit.
Nous revendiquons pour nous-mêmes et nous laissons mourir par ailleurs. Nous râlons contre l’immigré et nous refusons de payer le juste prix pour empêcher ce qui crée et provoque l’émigration/immigration. Mais nous parlons de solidarité. Sacré mérite, sacrée grandeur d’âme. Nous avons peur du terrorisme et nous armons les terroristes. L’argent, toujours lui qui doit rentrer dans les caisses, pour permettre d’agrandir nos maisons, de multiplier nos vacances à l’étranger, nos dîners au restaurant. C’est qui «nous»? Les «riches», les «patrons», les «managers»? Certes, eux aussi. Mais «nous», c’est chacun d’entre nous, à sa place, de «gauche» et du «centre» comme de «droite». Chacun chez soi, homme ou femme et nous contaminons les jeunes en leur faisant miroiter un monde qui n’est que le nôtre, privilégié, sans être d’aucune façon celui de la planète.
Non, en faisant le bilan de 2017, il n’y a pas lieu d’être fier. Il faut juste espérer que 2018 sera meilleur. Ce qui impliquerait que nous soyons capables de grandeur d’âme.
Vous avez raison de nous responsabiliser. Tous, ou presque, car rares sont ceux qui partagent vraiment. Le meilleur prix, le plus gros salaire, the big profit.: c'est dans la nature humaine. - La belle excuse!