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Banques et collaboration: La Banque de Paris et des Pays-Bas, ainsi que la banque Worms furent deux symboles de la collaboration bancaire. G. Le Roy Ladurie, directeur de Worms, fervent catholique royaliste et homme d’influence à Vichy, réussit quand-même à virer de bord au dernier moment, comme bon nombre de ses comparses.
Le secteur bancaire en général pratiquait une collaboration économique des plus poussées. Il se servait par exemple de la mobilisation de l’épargne française qui consistait à acheter les titres publics de Vichy pour financier par-là indirectement le remboursement des frais d’occupation, c’est-à-dire l’effort de guerre allemand. Les banques participèrent au financement de sociétés allemandes installées en France. Ainsi, «Francolor» jouissait des faveurs de la Société Générale, Paribas, et Crédit Lyonnais.
Collaboration, marché noir et collusion avec la pègre formaient un triangle sans lequel «l’économie grise», qui a permis à maints Français de s’enrichir, n’aurait pas pu fonctionner. Le marché de l’or en fut un modèle exemplaire. Les banquiers allemands payaient l’or plus cher que son cours légal et ceci déjà en 1938. Tout le monde fermait les yeux, les banquiers français inclus, sur l’origine de cet or qui prenait pendant les années de l’occupation le chemin de Berlin, et, plusieurs fois refondus, les lingots se retrouvaient dans les coffres des banques suisses.
Main d’œuvre manipulée: La question de la main d’œuvre devint un «chef d’œuvre» de haute manipulation politique de la plus basse espèce. En 1942, l’Allemagne avait besoin de travailleurs volontaires dans les usines du «Reich». Vichy promettait de s’en occuper utilisant par-là un truc abominable. «En échange du départ de trois travailleurs spécialisés vers l’Allemagne, un prisonnier rentra en France.» Pour faire accepter ce marchandage, on se servait, grâce à une propagande bien affutée, de la solidarité nationale envers les prisonniers. En plus, on fit miroiter quelques avantages matériels comme la sécurité de l’emploi et le payement de hauts salaires en «Mark».
L’ampleur de la participation de la France à l’effort de guerre du «Reich» est sans égale. 40% des vêtements chauds de la «Wehrmacht» sur le front de l’Est furent fabriqués dans des usines françaises dont les propriétaires s’enrichissaient sans se soucier du crime moral et politique auquel ils participaient. Sans compter l’STO (Service du travail obligatoire), sept millions de travailleurs français participaient chaque jour à l’effort de guerre allemand. Le patronat ne pouvait que s’en réjouir, et il n’est pas étonnant que maints parmi eux n’applaudissaient pas, quand arriva la fin de la guerre.
Le leurre des destructions alliées: On n’en finit pas, même encore de nos jours, de glorifier les bombardements stratégiques anglo-saxons pendant la guerre. Or, ces bombardements ont surtout frappé le parc immobilier urbain allemand qui fut détruit à 40%. L’appareil productif par contre fut préservé, officiellement cela serait dû à un camouflage parfait, voire à des dispersions des fabriques. Le fait est qu’à peine 7% des machines industrielles allemandes furent détruites par ces bombardements.
En 1945, l’Allemagne ressembla sur les photos à un champ de ruines, mais l’économie florissait. Le niveau de production par rapport à 1938 doubla, l’investissement étranger, dû avant tout aux dispositions du „plan Marshall”, n’y était pas pour rien. L’afflux de près de 12 millions de réfugiés dans les zones d’occupation occidentales garantissait une main d’œuvre abondante, qualifiée et prête à tous les sacrifices. Le „ miracle économique” allemand de 1950, tant loué et applaudi, fut déjà programmé par les alliés pendant les deux dernières années de la guerre (1943-45).
«Der Deutsche Wegleiter für Paris»
Le versant rose de l’occupation: Il ne fallait pas que les troupes d’occupation et surtout leurs officiers et compagnes s’ennuient à Paris. Déjà en juillet 1940, E. Locher, un homme d’affaires suisse, avait lancé un bimensuel tiré à 15.000 exemplaires sous contrôle de la «Propagandastaffel». Il s’appelait «Der Deutsche Wegleiter für Paris» (le guide allemand pour Paris), sous-titré «Wohin in Paris». Il contenait tout un répertoire de «bonnes adresses» concernant les restaurants, cabarets, théâtres et cinémas, et pour donner le change, quelques adresses de piscines et de salles de sport. Le dernier numéro qui sortait le 12 août 1944 était gros de 100 pages. Paris continuait à chanter, à danser et à «froufrouter» pendant l’occupation, ces milieux se souciaient peu du fait qu’au quotidien on arrêtait, déportait, torturait et tuait.
Pour Claude Autant-Lara «le film français était roi de 1940-1944», «splendide époque» selon lui (cf. Fr. Garçon). Les orchestres de l’Opéra, de l’Opéra-comique, ainsi que la Garde républicaine avaient comme mission permanente de divertir le public. La vie mondaine florissait, pas de raison pour se révolter. Même des dames de la plus haute société parisienne, comme par exemple la comtesse Murat ou la baronne de Dietrich, participaient au jeu de la collaboration mondaine. Il ne leur arriva rien plus tard. Le meilleur exemple est celui de Gabrielle, alias «Coco» Chanel, qui s’était installée au Ritz, fréquenté par la «crème» des occupants.
Elle fut recrutée par la «Abwehr» (service de contre-espionnage allemand) qui savait que Chanel était une antisémite et anticommuniste invétérée. Le baron Hans G. von Dincklade, agent de l’»Abwehr» , était son amant. En 1944, à la libération, elle ne fut pas inquiétée, car W. Churchill, qu’elle connaissait, la protégea. Elle s’installa en Suisse pendant dix ans, avant de revenir à Paris comme si de rien n’était (cf. «Histoire de la collaboration», édition Tallandier, page 299). La collaboration «horizontale», réservée à la plèbe féminine, connut aussi une période faste et 200.000 «enfants boches» en furent le résultat.
Sports et loisirs sous l’occupation: Le sport était conçu comme un élément de propagande (ce qui n’a pas changé aujourd’hui …), facteur de redressement moral et politique. M. Cerdan et E. Allais étaient cités comme exemples par les vichystes. A côté du sport, les fêtes occupaient une place de premier plan dans la propagande en faveur du régime de Vichy. C’étaient les fêtes collectives qui foisonnaient dans les «années noires de l’occupation».
Elles étaient un mélange de patriotisme, de vieilles traditions, imprégnées de rites religieux, accompagnées de manifestations folkloriques et patriotiques mettant en honneur «la Grande Guerre», à travers par exemple «la fête de la Marne» ou «la fête de Verdun». Ceci n’est pas sans rappeler la situation actuelle en France, où l’on prend recours aux mêmes tactiques pour faire oublier la menace terroriste et enfin feindre de devoir continuer à vivre comme si de rien n’était dans un «Etat d’urgence».
Il suffit dans ce contexte de lire les commentaires sur la «braderie de Lille», qui après son annulation en 2016 eut lieu en 2017 sous haute sécurité «bétonnée». On appelait cela un «retour aux sources» et fièrement on annonçai «la braderie a repris ses droits» (cf. La Voix du Nord du 3.8.2017).
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