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Séparation!

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Il ne faut pas confondre église et état, ni église et religion dit Charles Munchen.*

Malgré un assouplissement trompeur de l’extérieur, le gouffre séparant l’Église
et nos sociétés s’agrandit d’année en année. Comment l’Église pourrait-elle jeter à
la poubelle avec l’infaillibilité du Pape, ses dogmes: Marie, mère d’un dieu incréé … mais pas de nature divine – la conception «immaculée» – la virginité de Marie avant et après son accouchement – le Purgatoire – le Ciel ou les supplices éternels – la confession inventée au
13e siècle …

Comment des individus sains d’esprit, exempts de fanatisme religieux et à l’esprit libre de toute contrainte spirituelle peuvent-ils encore aujourd’hui se plier à l’obligation de croire à ces dogmes car s’ils les rejettent, ils ne sont plus considérés comme chrétiens?
La séparation de l’Église et de la société se fait inexorablement. Son rôle spirituel devrait pouvoir perdurer librement encore longtemps dans des esprits ayant besoin de transcendance surnaturelle, esprits encore endoctrinés par leur entourage familial.
Son rôle social n’existe presque plus, repris qu’il a été par l’État et maintes associations privées, charitables ou non.

Son rôle culturel actif a fondu, la culture autrefois à base chrétienne, étant maintenant entre les mains de la communauté, libre des diktats de l’Église et qui la transforme déjà depuis belle lurette. Son rôle moral étant de fait de nature simplement humaine et universelle, dont la transmission fut peut-être nécessaire il y a de nombreux siècles, rôle entretemps d’ailleurs largement trahi par la même Église au fil des siècles passés, n’est plus assumé par la seule l’Église aujourd’hui.

Ce rôle peut être entièrement repris par l’État. L’Église a joué un rôle éducatif sur la société qui, maintenant s’est émancipée et vole de ses propres ailes. Un adage juif dit: „La seule chose que peuvent donner des parents à leurs enfants, ce sont des racines et des ailes!“ Nous pourrions remercier l’Église de nous avoir transmis des racines partiellement héritées des ancêtres de la chrétienté, mais le moment est largement arrivé maintenant pour elle de laisser la société voler de ses propres ailes et de prendre dignement sa retraite, surtout étatique, tout en ouvrant grand sa porte à ceux qui ont besoin d’elle.

«Notre Mère la Sainte Église» a peut-être été une bonne mère selon le proverbe „Qui aime bien châtie bien“ … la société (et elle l’a parfois châtiée bien cruellement), mais maintenant ses enfants sont émancipés.

Quel problème y a-t-il pour des anticléricaux (Pafefrësser) si des personnes, totalement libres d’esprit ont choisi de se rattacher spirituellement à l’Église et de croire aux invraisemblances des religions chrétiennes telles qu’elles sont actuellement?
Mais l’éducation des jeunes ne doit plus être dans le giron de l’Église aux frais de la communauté mais dans celui, neutre, de l’État.

Les jeunes doivent être éduqués à la liberté de pensée qui leur permettra de faire leur choix, un vrai choix, et ne plus être endoctrinés dès la petite enfance aux frais de l’État. L’Église, la chrétienté comme toutes les autres confessions doivent bien évidemment pouvoir se manifester publiquement en toute liberté en respectant bien sûr la Constitution et les lois fixées par l’État.

Spiritualité

Certains ont comparé la religion (chez nous principalement catholique évidemment) à un exercice égal aux sports et à la culture que l’État subventionne.
Il devrait donc, selon ceux-là, aussi rémunérer les ecclésiastiques et catéchistes pour enseigner la religion catholique.

Cela est en fait facilement contestable.

Un coach de sport ne dirige pas ses élèves vers un sport particulier mais fait comprendre à la jeunesse qu’il est bon dans la vie de se constituer un corps sain par des exercices physiques au choix de chaque individu.

L’enseignant de la culture ouvre des portes aux jeunes afin de leur faire comprendre que la culture dans sa diversité est importante à chaque personne qui se veut cultivée.
Un enseignant des valeurs explique aux jeunes les bases constitutives de la morale commune et ce qu’est la spiritualité, sachant que toute religion est spirituelle mais que toutes les spiritualités ne sont pas forcément religieuses. Autrefois il était inconcevable d’imaginer la spiritualité sans la religion, mais le monde a changé!

La spiritualité est maintenant conçue individuellement alors que la religion est par définition collective. L’agnosticisme ainsi que l’athéisme spirituels existent car l’esprit existe et le mot spirituel veut dire „concerne l’esprit“. Une personne qui, utilisant son esprit, a réfléchi sur la question de l’existence ou non d’un dieu personnel et hors du monde, et en arrive personnellement à la conclusion qu’une divinité existe sans doute mais sous une forme qui lui est inconnue (agnosticisme) ou alors n’existe pas (athéisme), a accompli un travail spirituel.

Humanisme

Il est donc inacceptable de ne pas laisser chaque jeune choisir sa forme physique, sa culture, sa morale, ses valeurs, sa spiritualité.

C’est à l’État de le guider vers ce choix mais c’est au jeune de le faire, ce choix, librement. Et ce choix est personnel et privé. On voit mal l’Église lui proposer un choix entre la foi catholique et l’athéisme! Une notion qui remonte à un demi millénaire avant notre ère commune mais qui pointe son nez actuellement de nouveau, c’est l’humanisme. La notion a été rattachée à la Renaissance mais le mot n’apparaît que longtemps après celle-ci. Le concept, lui, date de la Grèce antique dont le savoir, la philosophie renaissaient. De nombreux noms d’humanistes pourraient être cités, Erasme en premier, mais aussi Montaigne, Pic de la Mirandole, Léonard de Vinci, Michel-Ange (son homme de Vitruve est un symbole de l’humanisme). Le Gargantua de Rabelais écrit à son fils Pantagruel: «Fais ce que voudras. Car les gens libres, bien nés et bien instruits ont par nature un instinct qui toujours les pousse à faits vertueux.»

Le but de l’humanisme moderne est de mettre en avant les aptitudes de l’humain à discerner le bien et le mal ainsi que chercher la vérité par ses propres moyens sans forcément se référer à des forces non humaines.

L’humaniste ne renie pas systématiquement la religion pour autant puisque il est libre de la déterminer comme faisant partie du bien. Sa pensée est libre.

La surpuissance Église n’aime pas cette liberté et fait tout pour s’insinuer encore dans la direction des affaires de l’État et brimer cette liberté.

La séparation nette de l’Église et de l’État est indispensable dans un État moderne, libre et démocratique.
* ch.munchen@pt.lu