Et de deux, voilà qu’après le discours de Jean-Claude Juncker, la France se met aussi à relancer la locomotive de la construction européenne. A plusieurs vitesses certes, tout le monde n’étant pas convié à monter dans le même train …
C’est ce qui ressort du discours qu’Emmanuel Macron a prononcé à la Sorbonne, tentant de mettre ses pas, du moins en matière de politique européenne, dans ceux de Mitterrand qui, le symbole n’ayant échappé à personne, avait au même endroit, en 1991, défendu le traité de Maastricht.
Et de rêver d’un ministre des Finances et du Budget des … 19 pays de la zone euro, et même d’un sous-parlement qui le contrôlerait.
Il y a certes, au-delà de cette volonté de consolider le cercle des bons élèves que sont les pays ayant adopté la monnaie unique, d’autres mesures ambitieuses dans les propositions du président français. Elles vont de la convergence fiscale et sociale au marronnier de l’Europe de la défense, en passant par un office européen de l’asile ou une police européenne des frontières.
Elles reparlent même de taxer les transactions financières ainsi que les géants du numérique pour montrer que Macron ne prête pas qu’aux riches, alors que la réforme fiscale qu’il vient de proposer en France profite surtout aux grandes fortunes.
Tout cela sonne très bien, n’empêche qu’on sent que la vraie ambition de Macron, c’est de se positionner en tant que conducteur numéro un de la locomotive. Et le moment est bien choisi de prendre les rênes, puisque ceux qui pourraient lui faire de l’ombre sont soit, comme la Grande-Bretagne, en partance, soit, comme l’Allemagne de Merkel, affaiblis par le résultat des législatives de dimanche dernier.
Macron a beau proposer à Merkel un nouveau traité de l’Elysée, à l’instar de celui signé entre de Gaulle et Adenauer en 1963, afin de figer dans le marbre le couple franco-allemand, n’empêche qu’il tire la couverture à lui. Sachant fort bien qu’avec 94 députés de l’AfD anti-migration et eurosceptique au Bundestag, la chancelière aura bien des difficultés à le suivre.
Sans oublier qu’elle sera empêtrée de longues semaines durant, sinon plus, dans des négociations afin de mettre sur pied une coalition „jamaïcaine“ avec les Verts et les libéraux du FDP, les sociaux-démocrates du SPD ayant décidé, après leur cuisante défaite, de jeter l’éponge et faire une cure d’opposition.
Un véritable casse-tête donc que cette coalition. Et une mauvaise nouvelle pour Macron, car Christian Lindner, le chef de file du FDP, a d’ores et déjà fait savoir que pour son parti le budget européen est une ligne rouge qu’il ne veut en aucun cas franchir.
Certes, Jean-Claude Juncker s’est empressé d’applaudir, un peu à contrecœur sans doute, aux propositions de Macron, mais sans l’aval de Berlin elles risquent fort de rester lettre morte.
Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, le jour même du discours de Macron à la Sorbonne, le groupe allemand Siemens a avalé d’une bouchée son rival français Alstom, dans une fusion qui, à elle seule, rappelle à tout le monde qui commande vraiment en Europe.
Bien entendu que notre Jean Claude nationale, applaudi à contre cœur aux idées macroniennes, puisqu'il avait été le petit prince de la Mutti Merkel, qui l'avait convié à Bruxelles. Le protagoniste idéale pour proférer, s'il le fallait, des paroles d'encouragement, afin de prolonger l'insolvabilité de la plus part des pays membres de l'UE. Ceci est cependant au gout de l'Allemagne, étant le plus grand profiteur de cette union économique.
Madame, c'est toute la question, qui d'ailleurs avait été évoquée à d'autres moment, à savoir qui est aux commandes de l'union européenne. Incontestablement s'agit-il de l'Allemagne, un pays qui ne se gène pas de dicter sa cadence à ses partenaires, sans oublier son attitude de domination preussienne. Cette prédominance écrasante n'est heureusement pas au gout de tout le monde, surtout pas à ceux du sud et de l'est de l'Europe, qui ont moins de sympathie pour nos cousins germains. En ce qui concerne le petit Macron, il aurait mieux fait de s'occuper d'abord des problèmes incommensurable de la grande nation, qui est manifestement en perte de vitesse. Qu'il fasse bien attention, de ne pas retrouver à son retour à Paris, une godasse dans le salon et une autre près de la piscine.
" La reine de l'Europe "