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La crise au Venezuela (I)

La crise au Venezuela (I)

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Il semble peu probable qu’il y ait une invasion militaire directe; mais le gouvernement Maduro est soumis à un tel chantage pour qu’il cède plus. Il est toutefois évident qu’il y a une escalade face à un acteur qui apparaît comme gênant. Ce que Trump souhaite vraiment écraser, c’est l’impertinence de l’expérience bolivarienne.

La gauche internationale doit s’opposer fermement aux menaces militaires de Trump, à toute ingérence du gouvernement d’Amérique du Nord, ainsi qu’aux sanctions économiques. Cela ne signifie en aucun cas qu’il faut avaliser un tant soit peu les politiques suivies par Maduro et par l’Assemblée nationale constituante (ANC).

Vague de rejet

Bien qu’il semble que cela importe peu à un Trump délirant, il récolte une vague de rejet au chantage armé et à son invocation guerrière. D’autres nations – jusqu’aux plus hostiles à Maduro – condamnent nettement cette possibilité, rejetée par les gouvernements d’Amérique latine et d’autres régions de la planète. Car cela n’aboutirait qu’à rendre le monde plus instable et plus dangereux et pourrait même mettre à feu l’Amérique latine dans son entier.

Le rejet de porte-parole d’organismes internationaux et d’instances de l’ONU s’est aussi fait entendre. Ils condamnent les sanctions économiques, car ils estiment qu’elles ne peuvent qu’aggraver la situation de la population du Venezuela et même se révéler préjudiciables pour ceux qui les appliquent. La gauche internationale, y compris la gauche nord-américaine, fait entendre sa voix contre l’interventionnisme, bien qu’une fraction importante de celle-ci ne soutienne pas Maduro.

Au Venezuela, un large spectre de partis et d’organisations sociales, indépendamment de leur sympathie ou de leur antipathie pour un gouvernement et pour les „super-pouvoirs“ mis en œuvre par l’ANC, ont exprimé leur ferme rejet des menaces impériales. Même des secteurs de la droite pro-impérialiste qui, en d’autres moments, avaient appuyé l’ingérence extérieure se sont vus contraints à prendre une position contre une invasion ou une action belliqueuse visant le Venezuela, bien que ces secteurs évitent de condamner explicitement leur allié stratégique états-unien.

Il faut examiner la situation internationale, cadre dans lequel s’inscrit l’étape que traverse le Venezuela, où la bipolarisation entre l’opposition de droite et le gouvernement égaré, perdu, reflète également le conflit interimpérialiste par le biais duquel les uns et les autres tentent de tirer profit et de s’approprier des ressources du pays.
Le contexte

Tout cela a lieu dans le cadre d’une escalade de recolonisation dans lequel les vieux empires et les nouveaux, conjointement aux transnationales, se disputent l’hégémonie et des positions de force dans l’assaut contre les richesses de la planète, bien que cela se fasse au détriment de l’équilibre climatique et de la vie, au cœur d’un chaos géopolitique croissant, de déstructuration de pays, de guerres et d’une prolifération de gouvernements où l’accumulation du capital emprunte des traits mafieux, corrompus et criminels, qui plongent les sociétés dans l’arbitraire.

Il n’y a pas de solution dans le cadre capitaliste. Ce qui semble être une tentative d’établir un „nouvel ordre“ n’est rien d’autre qu’un désordre mondial, sur fond de rivalité économique pour l’hégémonie, de tensions et de conflits militaires qui incluent indirectement la Russie et la Chine. Il s’ensuit que les affrontements régionaux s’étendent.

Cette dynamique de recolonisation, afin de pouvoir s’imposer, démantèle au sein des pays les conquêtes sociales et annihile les droits démocratiques au travers de la mise sur pied d’une nouvelle architecture et de mécanismes économiques et financiers, au service des besoins d’un capitalisme en mutation. Les droites ainsi que, les „gouvernements progressistes“– chacun selon leurs propres caractéristiques – qui, en Amérique du Sud, sont restés soumis au modèle capitaliste, ont contribué à cela. C’est dans ce contexte général que décline et succombe lesdits gouvernements progressistes qui tentèrent autrefois de négocier les conditions de la répartition établies par les puissances et par les grandes compagnies impérialistes.

Cela a eu un impact sur le maintien des avantages sociaux ainsi que sur la jouissance des droits démocratiques, rendus déjà insoutenables par les effets des économies rentières qui n’ont pu être transformées (passage vers une „industrialisation“ adéquate). Ne serait-ce que parce que les processus de changement ont été abusés par l’extension de bureaucraties parasitaires ainsi que par l’assimilation de ces „gouvernements progressistes“ à la logique du capital. Pour cela, le cycle de révolutions et le processus de changement qui ont débuté en Amérique latine semble atteindre sa phase terminale pour être absorbé dans le réajustement capitaliste mondial qui reprend ses possessions et ses zones de domination, malgré la poursuite des luttes sociales. Cela principalement en raison des hésitations des directions politiques aux mains desquelles se trouvait la conduite de ces processus.

L’orientation mortifère du gouvernement rend le pays encore plus vulnérable, car il dévie du cap qui, en matière économique, prédominait au cours de la période Chavez et, en même temps, il perd le soutien et la confiance du peuple, qui était l’un des principaux piliers et source de force pour la dite révolution bolivarienne. C’est cela même qui a offert à l’opposition, de droite – clairement pro-impérialiste – une possibilité de récupérer ses forces et qui ouvre la voie au risque d’une intervention. Il en découle la nécessité de rétablir l’unité du peuple vénézuélien pour la défense du pays, ce qui ne peut se réaliser qu’au travers d’un accroissement de la démocratie et non de son contraire, ainsi qu’en mettant en avant des réponses politiques réelles pour faire face à la situation dont pâtit le peuple en raison de la pénurie d’aliments et de médicaments.

Paiement de la dette

Pourtant le gouvernement priorise le paiement de la dette extérieure ainsi que ses engagements envers le capital financier (impérialiste), au détriment d’une attention aux urgences de la crise. L’unité du peuple ne peut être forcée au moyen de maltraitances et de la répression. Le gouvernement Maduro et la bureaucratie réalisent actuellement des politiques économiques qui sont rétrogrades en matière de souveraineté et d’un développement indépendant, en comparaison avec ce que tentait d’atteindre la „révolution bolivarienne“ sous Chavez. Les banques nord-américaines et les „paradis fiscaux“ ont même bénéficié des déductions permanentes des versements effectués en faveur du Venezuela ainsi que de la fuite illégale de capitaux du pays.

Robert Mertzig