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De la raison pragmatique

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La démocratie participative a ceci de bon: elle permet d’interroger la population sur un ou plusieurs sujets précis à un moment donné de la vie du pays, sans pour autant remettre en question ses structures politiques.

Le gouvernement a donc bien fait d’accepter la revendication du parlement pour un référendum. Et même si l’on regrettera que la question sur la séparation de l’Etat et de l’Eglise ait été occultée suite à un accord plus que satisfaisant pour l’archevêché et le CSV, il n’en demeure pas moins que les électeurs pourront s’exprimer sur trois autres questions.

D’ores et déjà, l’opération s’avère gagnante. Pour la bonne raison que pour la première fois depuis fort longtemps, la politique a repris ses droits et qu’un débat public a pu être engagé. On pourra regretter le côté quelquefois émotionnel, quelquefois agressif, mais en définitive l’essentiel aura prévalu, à savoir la discussion.

Bien sûr, nous préférerions que le oui l’emporte. Trois fois. Mais si tel n’est pas le cas, peu importe. Le pays continue d’être gouverné, il avancera et devra préparer son avenir. Les questions posées resteront dans l’actualité, puisque le Luxembourg pourra ni se masquer les yeux ni échapper à son évolution, petit pays qu’il est, entouré de grands voisins et d’acteurs hégémoniques qui privilégieront toujours leurs intérêts à l’amitié officiellement affichée.

La société luxembourgeoise, pour des raisons économiques et démographiques, sera de plus en plus diverse et multiculturelle. La notion de „nation“, de tous temps difficile à définir, touche à ses limites partout en Europe (et ailleurs), les orientations pour un futur proche et lointain seront nécessairement empreintes de cette réalité qui sera celle de la cohabitation pacifique avec „l’autre“, venu d’ailleurs.

Les fameuses „glorieuses“ font déjà partie du passé et il appartient au Grand-Duché d’inventer de nouveaux créneaux, plus intellectuels, plus culturels autour de l’Université et de la recherche, au sens large. De cette réussite-là dépendront demain la relative indépendance ainsi que le maintien du niveau de vie, des acquis sociaux, du bien-vivre ambiant.

Cela dépasse des discussions stériles. Notamment autour des langues luxembourgeoise et française. Dans ce contexte aussi, un peu de mesure ferait du bon sens. Certes, d’aucuns sont en droit de se plaindre d’avoir une langue autre que la leur comme langue véhiculaire. Cependant, soyons justes. Ce français si mal mené, ne nous a-t-il pas des décennies durant été un précieux allié pour le développement industriel, commercial, économique, financier du pays? Et faudrait-il passer par profits et pertes tout ce que la langue des poètes et écrivains, de Voltaire à Molière, de Racine à Hugo, de Baudelaire à Sartre, nous a légué d’élégance, de finesse, de beauté?

Il y a un temps pour l’émotionnel et l’aigreur et un temps pour la raison et la reconnaissance.