Qui conduit la politique étrangère, le junior ou le senior, se demande le journal de l’évêché. Question pseudo-anodine. Car il est bien connu que les premiers ministres luxembourgeois ne sont que des „primus inter pares“ et que chaque ministre de tutelle est pleinement et seul responsable de son ressort. Donc le senior, pour paraphraser, conduit la diplomatie. Point barre.
Mais le Wort est en campagne électorale depuis plusieurs mois déjà pour le CSV et continuera à semer ses graines de discorde tous azimuts. La vraie question est celle de savoir si les propos de Jean Asselborn sur le Hongrois Orban étaient déplacés ou non.
Il fut un temps où le conservateur autrichien Schüssel avait créé la coalition avec l’extrême-droitiste Haider, ce qui lui permit de devenir enfin chancelier. A l’époque, toute l’Union européenne était vent debout pour mettre l’Autriche au ban des nations européennes.
Aujourd’hui, la classe politique européenne n’a plus les mêmes valeurs éthiques et morales. On serre la main du président du Turkménistan, on fait semblant d’oublier que Netanyahou colonise des territoires palestiniens qu’Israël occupe, on voyage, on s’embrasse, on se plaît à faire de juteuses affaires.
Et quand quelqu’un, avec peut-être trop de franchise (ce qui est rafraîchissant), dit ce qu’il pense d’un politique qui brime les libertés publiques et défend des thèses de la droite extrême tel Orban, c’est le branle-bas de combat, surtout chez les „grands“ Etats-membres.
Jadis, un „petit“ pays comme le Luxembourg pouvait et devait servir d’interprète et de médiateur en Europe, les „grands“ dirigeants étant trop hautains pour parler la langue de l’autre. A présent, on conteste le droit de libre expression et de pensée à un „petit“? Alors que c’est peut-être l’ultime honneur qui nous reste.
L’UE n’a pas de quoi être fière. L’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et quelques autres „grands“ ont ouvert la porte à tant de pays qui n’y ont aucunement leur place sauf pour des raisons de pure géo-économie. Depuis vingt ans, l’UE s’est complètement fourvoyée en politique étrangère, à commencer avec la Turquie et dont les conséquences sont dramatiques. Elle défendait alors des valeurs culturelles au centre desquelles l’héritage catholique, valeur et héritage qu’elle n’a pourtant cessé de bafouer.
Que les donneurs de leçons, adeptes de pseudo-bienséance, de droite comme de gauche, se taisent donc. Et, avec eux, leurs hommes de main que sont de si nombreux journalistes, plus politiquement corrects avec leur plume que dans leurs comportements personnels …
Orban n’est pas fréquentable, élu démocratiquement ou non.
Il doit être permis de discuter sur le fait que la Hongrie ait sa place ou non dans l’UE. Si la conclusion devait être non, d’autres exclusions seraient de mise. En revanche, cela fait un bien fou d’entendre quelqu’un dire qui est M. Orban à ses yeux, sans craindre de mettre en péril un plan de carrière ou une réputation publique. Toutes choses qui volent valent ce qu’elles valent, c’est-à-dire que dalle.
En allant peut-être „trop loin“, Jean Asselborn rend quelque part ses lettres de noblesse à la politique. Robert Krieps aurait apprécié … Pas ceux, bien sûr, qui, à la moindre incartade, font un caca nerveux. Ceux justement qui allaient voir Ceausescu, puis applaudissaient à sa monstrueuse mise à mort, ceux qui ont courtisé le père Assad et veulent se défaire du fils, ceux qui ont offert l’asile à „baby doc“, etc. Ceux encore qui feignent de croire que Hillary Clinton serait une grande libérale et n’osent clamer haut et fort que Donald Trump est complètement givré.
L’hypocrisie occidentale est devenue terrifiante au point qu’elle ne peut qu’alimenter les théories meurtrières des sectes islamistes aux premiers rangs desquels l’IS, Al-Qaïda, les frères musulmans, les talibans.
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