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Libertés constitutionnelles

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Résister aux provocations

Dans les métiers de la presse (papier et/ou digitale, radiophonique et/ou audiovisuelle) comme dans la société, les terribles simplificateurs ont souvent le plus de succès. La conséquence sera fatale si nous n’assistons pas rapidement à un retour aux basiques, c’est-à-dire la vérification des faits et l’analyse de leurs causes et aboutissants. La raison du phénomène est directement liée à l’évolution des technologies. Dans l’univers d’Internet, donc le nôtre, la rapidité est perçue comme une qualité. De facto, il n’y a plus le temps pour vérifier ni
celui de se forger une opinion solidement ancrée dans l’information contre-vérifiée, l’exemple – quoique finalement dérisoire – du burkini cet été le montre bien. Un simple contrôle des définitions aurait pourtant permis d’orienter le débat dans une toute autre direction. Regardons-y de plus près.

Burkini: maillot de bain islamique qui recouvre le corps des cheveux aux chevilles,
Niqab: voile intégral,
Hijab: voile, rideau, écran qui masque la tête et les cheveux,
Jilbab saoudien: mélange des deux (niqab et hijab), longue robe noire, ou éventuellement de couleur, plus voile,
Tchador iranien: longue pièce de tissu, sans manches (bleue/noire/blanche),
Burqa: vêtement imposé aux femmes par les talibans afghans, souvent bleu, couvrant corps et visage et différent donc du niqab,
Voile: foulard cachant les cheveux et enroulé autour du cou.
On le constatera, il n’y a pas de règle imposée par l’islam et plus précisément le Coran, mais des règles variant selon les communautés, les pays, les courants théologiques.

Rappelons aussi qu’il n’y a pas si longtemps, aux yeux de l’histoire, l’Eglise catholique imposait le couvre-chef (chapeau) aux femmes et qu’elle plaçait ces dernières d’un côté et les hommes de l’autre dans ses officines.
Le judaïsme fonctionne différemment des deux premiers, islam et catholicisme. A la synagogue, les femmes ne portent ni kippa ni chapeau, la calotte (yarmoulke aux Etats-Unis) étant réservée aux hommes. A l’exception des orthodoxes extrêmes qui demandent à leurs femmes de porter la perruque, le foulard, le chapeau et vont jusqu’à les bannir de leur table quand elles ont leurs „règles“, ce qui les rendrait „impures“.
Aisé, n’est-ce pas, de constater que les religions ont des traits communs et que ceux-ci concernent souvent la femme, être à part dont on peut règlementer le sort, la vie, le comportement et par conséquent les droits. Sujet dont pourraient débattre les associations des droits de l’Homme …

Ceci dit, revenons à la liberté d’être. Elle est, dans nos contrées, garantie par la Constitution de nos pays respectifs. Une Constitution, telle la nôtre, assure donc les libertés individuelles et dès lors la liberté de pensée, d’opinion, d’expression, de la presse et de la religion.
En d’autres termes, à une expression près, celle de la sécurité publique et collective que l’Etat doit garantir, aucun pays démocratique n’est en droit d’interdire ce qui est vu comme l’expression vestimentaire d’une appartenance religieuse: voile, hijab, burkini, barbe, croix, kippa …
A moins de modifier lesdites Constitutions.

On pourrait, théoriquement, au terme d’une réaction sur le vif, plaider dans ce sens. Et c’est là que commencent les difficultés. Quoi interdire? La barbe? Pourquoi pas la queue de cheval chez les hommes, les barbichettes type chèvres ou boucs? Les tuniques des bonnes sœurs? Les robes des curés? Les burqas oui, les niqabs oui, parce qu’ils portent atteinte à la sécurité.
On toucherait à la liberté dans ce domaine philosophique qu’est la religion? Quid de la liberté des médias? En théorie par exemple, cela ne pose aucun problème à M. Orban. Reste à voir s’il est un démocrate. Quid encore de la liberté d’expression et d’opinion?

Est-ce à dire que nous exigerions la fermeture de Facebook et d’autres sites du même calibre?
Une Constitution est précieuse et y toucher signifie qu’il faut y réfléchir plutôt 100.000 fois qu’une.
Le plus probable est qu’il faudra apprendre à résister aux provocations des quelques personnes téléguidées et à combattre les sectes, forcément minoritaires. L’éducation y a à jouer un rôle majeur.