L’expression est américaine: „rogue states“, c’est ainsi que les Etats-Unis qualifiaient jadis les Etats racailles, c’est-à-dire ceux qui n’avaient ni foi ni loi et se comportaient comme des pirates.
Aujourd’hui, c’est un „rogue candidate“ qui aspire à la présidence et qui, jour après jour, démolit l’un des plus vieux partis politiques au monde. Le „Grand Old Party“ (GOP), surnom du parti républicain, a été fondé en 1854. Il a produit de grands présidents et a souvent mené des campagnes farouches contre les démocrates, souvent décriés comme „sociaux-démocrates“, alors même que l’aile droite de ceux-ci égale en conservatisme les plus „centristes“ des Républicains.
Jamais cependant, les fissures ne furent aussi profondes qu’en 2016, au point de menacer le GOP d’implosion.
La fracture était apparue plus tôt. Elle avait débouché sur la création du triste Tea Party. Ce ne fut pas glorieux. Mais la candidature du grotesque self-made man qu’est Donald Trump a provoqué une véritable guerre civile entre dogmatiques et pragmatiques.
Certes, les deux n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Ils auraient pu stopper net le millionnaire qui ne payait pas d’impôt, le vulgaire clown qui réduit en cendres les dernières lettres de noblesse de la politique avec majuscule. Il n’en fut rien. A l’exception des Bush, père, fils, neveux et la reine mère Barbara en tête, rares furent ceux qui s’y opposèrent. L’opportunisme avant le catastrophisme en somme.
Désormais, c’est une course contre la montre à la laquelle se livre le GOP à quatre semaines de l’élection à la Maison Blanche. Le parti a un candidat qui n’est pas (plus) le sien; le candidat court sous une étiquette qu’il méprise et moque ouvertement. Le parti républicain avait mis en avant de piètres figures. George Walker Bush en fut un exemple. Mais au grand jamais il n’avait mis en piste un „non politique“, un énergumène d’une vulgarité rare et d’une inculture telle que les Etats-Unis pourraient devenir un danger planétaire. Il serait erroné de croire qu’une fois élu, Trump changerait ou écouterait un entourage issu des traditionnels „think tanks“. Que non! Donald Trump n’a d’autre ressort que le populisme, cet art au rabais qui consiste à s’attirer des voix en crachant sur les „élites“, réussissant ainsi à flatter tous les déçus, les frustrés et les jaloux, ceux qui n’ont en bouche que le mot „petites gens“, alors qu’en vérité, ils n’ont rien en commun avec les gens simples, travailleurs et soucieux de faire progresser leurs enfants sur l’échelle sociale.
Trump courtise les cow-boys modernes, xénophobes, primaires, flingue en main et dit représenter des personnes qu’il ne fréquenterait jamais. Le pire, finalement, n’est pas que cet homme-là trompe ses propres électeurs. L’inouï est que même si Hillary Clinton, qui n’est pas le meilleur de ce que sait produire le parti démocrate, était élue, ceci serait sans qu’il n’y ait eu le moindre débat politique, le moindre débat sur des valeurs, le moindre débat sur l’économie, le social, le sociétal et, surtout, sur l’avenir d’une planète en guerre et en phase d’étouffement. Et ce dans un pays qui tient le rôle de superpuissance.
Trump victorieux serait une catastrophe. Clinton serait une gagnante faute de mieux.
Les Etats-Unis innovent en témoignant que la première puissance mondiale est devenue incapable de hisser au plus haut niveau autre chose qu’un timbré et une dame ambitieuse fort fatiguée.
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