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CinémaFestival du film italien de Villerupt: clôture avec une variété de thèmes et beaucoup de pédagogie

Cinéma / Festival du film italien de Villerupt: clôture avec une variété de thèmes et beaucoup de pédagogie
Avec „La nouvelle femme“, Léa Todorov a voulu se pencher sur la vie de la pédagogue Maria Montessori (interprétée par Jasmine Trinca) en changeant son image classique de femme assez âgée Photo: Geko Films – Tempesta – 2023

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Hier soir a eu lieu la cérémonie de remise des Amilcar. C’est avec beaucoup de joie que les cinéastes invités sont venus chercher leur prix sur la grande scène de l’Arche et ont écouté les motivations des jurys.

Chaque année, les organisateurs du festival choisissent une personnalité du monde du cinéma pour lui remettre un prix spécial. Pour cette 46e édition, c’est la renommée actrice Jasmine Trinca qui a reçu l’Amilcar de la Ville de Villerupt. Trinca et la réalisatrice Léa Todorov ne sont pas venues les mains vides. Elles ont apporté leur film „La nouvelle femme“, projeté en avant-première au terme de la cérémonie. Il sera possible de le voir aussi ce soir à 18.15 h à l’Hôtel de ville de Villerupt, en présence de la comédienne et de la réalisatrice. Il s’agit du premier long-métrage de fiction pour Todorov, habituée à faire des documentaires. Elle a voulu se pencher sur la vie de la pédagogue Maria Montessori en changeant son image classique de femme assez âgée, imposante, vêtue de noir, avec des bambins autour d’elle. Elle la montre jeune et attrayante, à un moment de sa vie où elle doit faire un choix déterminant: sa carrière ou son enfant, qu’elle a eu hors mariage et qui devait être caché à l’époque.

Un autre film à caractère pédagogique, cette fois-ci un documentaire, a impressionné les festivaliers: „Il Cerchio“ de la réalisatrice Sophie Chiarello. Presque 300 heures de tournage dans une école de Rome, étalé sur cinq ans, pour en extraire 1 heure 48 minutes de film … un travail énorme au résultat exceptionnel. Sophie Chiarello, présente à Villerupt et à Esch, a expliqué : „J’ai constaté, en allant vivre à Rome, que les élèves gardent le même enseignant pendant les cinq ans de l’école primaire. Les enfants grandissent et mûrissent ensemble. Un de mes deux fils a eu une institutrice qui pratiquait la méthode du cercle au début et à la fin de la semaine pour les encourager à verbaliser ce qui les intéressait ou troublait, à s’exprimer sur leur vie scolaire, familiale et sociale, mais surtout pour leur apprendre à écouter les autres, à trouver des solutions ou donner du réconfort.“

Ayant perçu l’importance de cette approche didactique ouverte et motivante, Chiarello a décidé d’entrer à faire part de cette expérience avec sa caméra. Elle a filmé un nouveau groupe d’enfants, réussissant à gagner leur confiance, pour qu’ils restent aussi spontanés que possible dans leurs propos et réactions, basés surtout sur les émotions. Elle a précisé : „Je n’ai pas voulu les filmer durant les leçons proprement dites, car ce n’était pas le but de mon projet et j’ai senti que j’aurais dérangé les élèves et la maîtresse. J’ai respecté aussi le fait que certains enfants n’ont pas parlé du tout, alors que d’autres se sont même prêtés à des interviews.“ Questionnée par une spectatrice sur la réaction des parents en voyant le film, elle a répondu qu’ils étaient impressionnés par le développement de leurs enfants et qu’elle n’a pas fait de projection collective, mais seulement individuelle, pour garantir une certaine discrétion. Il est vrai qu’après cinq ans passés ensemble, les familles se connaissent bien, mais comme l’école se situe dans un quartier à forte immigration, le groupe d’enfants a subi des changements inévitables avec des départs ou des arrivées de nouveaux élèves. Chaque année, cette classe a dû s’adapter à la nouvelle configuration et a toujours su retrouver son équilibre.

Une nouvelle émigration

Avec „Orlando“, Daniele Vicari veut thématiser l’émigration des Italiens aujourd’hui
Avec „Orlando“, Daniele Vicari veut thématiser l’émigration des Italiens aujourd’hui

Avec son septième long-métrage de fiction „Orlando“, Daniele Vicari s’est penché aussi sur le thème de l’enfance/adolescence et de l’émigration. Le contexte est tout à fait différent, non scolaire, mais tout aussi prenant et émouvant. Vicari place le spectateur devant un dilemme féroce, celui qu’éprouve son personnage principal Orlando, joué par Michele Placido: un paysan de 75 ans, contraint par le décès de son fils, qui avait émigré en Belgique, à quitter son village en Italie pour se rendre à Bruxelles et y rencontrer sa petite-fille de 12 ans, dont il ignorait l’existence même. Sa vie continuera avec elle, certes, mais où? Si lui a nostalgie de l’Italie, Lisa, par contre, ne veut pas quitter Bruxelles. Des problèmes financiers n’arrangent pas les choses. Et réussiront-ils à tisser ce lien affectif indispensable pour les unir vraiment, indépendamment du lieu où ils vivront?

J’appartiens à la première génération de ma famille à n’avoir pas dû émigrer. Mon grand-père a travaillé dans les mines de Charleroi, mon père dans les usines en Suisse. En ce moment, les jeunes d’Italie sont à nouveau en train de quitter le pays. Or, le cinéma italien n’en parle pas! L’argument émigration est comme refoulé, gommé de la mémoire collective.

Daniele Vicari, réalisateur

Vicari et l’acteur Fabrizio Rongioni ont présenté le film. „J’appartiens à la première génération de ma famille à n’avoir pas dû émigrer. Mon grand-père a travaillé dans les mines de Charleroi, mon père dans les usines en Suisse. Mais, en ce moment, les jeunes d’Italie sont à nouveau en train de quitter le pays. Or, le cinéma italien n’en parle pas! L’argument émigration est comme refoulé, gommé de la mémoire collective“, a soutenu Vicari. Selon lui, l’émigration est un problème politique, dont la solution est de ne pas en parler. Tout au plus le fait-on en période électorale, quand il est décrit comme un monstre, venant de l’extérieur pour nuire. Son film étant dédié à Ettore Scola, il a expliqué: „Mon film s’appelle ,Orlando‘ et c’est le nom de mon père. Scola était un ami de mon père. Nous nous sommes beaucoup fréquentés durant les dix dernières années de sa vie et nous avons créé ensemble une école de cinéma publique et gratuite, la Scuola d’Arte Cinematografica Gian Maria Volonté. Il en était très orgueilleux.“

Et pour terminer: que signifie amusie? Les festivaliers l’ont appris à travers le film de Marescotti Ruspoli „Amusía“, dans lequel la protagoniste, contrainte à s’isoler de son entourage, est incapable d’apprécier la musique, qui pour elle n’est que nuisance sonore. En effet, il s’agit d’une anomalie neurologique (et non auditive) congénitale ou provoquée par une lésion cérébrale, reconnue officiellement comme pathologie que depuis 2005. „C’est en lisant le livre d’Oliver Sacks „Musicophilia“ que j’ai découvert l’existence de cette maladie. J’en ai fait un film, car je trouve extrêmement triste qu’une personne puisse naître sans jamais avoir le plaisir d’écouter de la musique ou de participer à des fêtes entre amis“, a confié Ruspoli à son public.