Le 10 décembre de l’année dernière, il avait célébré avec ses amis de la scène nationale les 15 ans du bastion du jazz qu’est le centre culturel Op der Schmelz à Dudelange. Il s’était produit avec le trio „Three’s a crowd“ qu’il avait composé avec le guitariste David Laborier et le trompettiste Ernie Hammes. Depuis le début des années 1990, à la faveur de son retour au Luxembourg, on le voyait régulièrement sur les scènes nationales. En 2017, il avait enregistré avec Benoît Martini, dans les conditions du live, au Gudde Wëllen „The Grand Cosmic Journey“, avant de poursuivre leur exploration commune en mars 2021 à la Philharmonie.
Mais sa riche carrière internationale avait commencé un demi-siècle plus tôt. Né le 28 octobre 1945 dans le Nord de la Bavière, Michel Pilz avait grandi au Luxembourg et avait suivi sa formation musicale au Conservatoire de la capitale. En 1968, à 23 ans, il avait rejoint le Manfred Schoof Quintet (composé d’Alex von Schlippenbach, Buschi Niebergall et Mani Neumeier). Les années 70 l’avaient vu parcourir le monde avec le quintette German All Stars, avec le Globe Unity Orchestra au Proche-Orient, en Asie et en Amérique du Sud. Il avait aussi tourné au Japon avec le trompettiste Itaru Oki. Il s’est produit dans de nombreux festivals de jazz les plus prestigieux. Il n’oubliait jamais de faire un détour par le Luxembourg, comme en 1979, où il s’était produit avec le Free Art Group avec Buschi Niebergall et Rico Winandy au Melusina, scène incontournable du jazz dans les années 70, grâce à „jazzclubluxembourg“ dont il avait été cofondateur en 1967.
Fidèle du JAM
Il a souvent joué, dans les années 80 et 90, avec le Michel Pilz Trio, qu’il formait avec Christian Ramond à la basse et Klaus Kugel à la batterie. Quand Itaru Oki se joignait à eux, ils composaient le Pilz-Oki Quartet. Sa dextérité l’avait souvent fait apparaître aux yeux des amateurs de jazz comme le digne héritier du multiinstrumentiste américain Eric Dolphy, mort en 1964 à 36 ans, avec qui il partageait la pratique de la clarinette basse.
L’auteur de treize albums – dont le dernier, „Nemu“, en 2020 avec Kai Kanthak et Klaus Kugel – était également présent dans l’initiative „JAM -Jazz am Minett“ qui, à partir de 1987, organisait des concerts de jazz contemporain dans le bassin minier. À ce titre, il avait été aussi un proche du saxophoniste Luciano Pagliarini. En 2002, ils s’étaient tous les deux produits au café Ubu du Théâtre d’Esch, pour fêter les quinze ans de JAM, cette initiative qui, disait Michel Pilz, avait „mis Esch sur la carte mondiale du jazz contemporain“.
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