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FranceMacron semble peiner à donner au gouvernement une vraie feuille de route

France / Macron semble peiner à donner au gouvernement une vraie feuille de route
Premier conseil des ministres du gouvernement remanié hier à l’Elysée Photo: Christophe Ena/Pool/AFP

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Le gouvernement remanié d’Elisabeth Borne (voir Tageblatt du 21 juillet) s’est réuni dans sa nouvelle configuration hier matin à l’Elysée autour du président Macron. Lequel a prononcé un petit discours introductif, ce qui est banal en pareilles circonstances, et l’a fait diffuser en direct à la télévision, ce qui l’est beaucoup moins. Le chef de l’Etat comptait peut-être que cette modeste adresse à ses ministres suffirait à remplacer la longue interview, elle aussi télévisée, que ses prédécesseurs tenaient rituellement le 14 juillet.

Cette démarche présidentielle était inédite, les délibérations du conseil des ministres étant en principe secrètes, même si elles donnent traditionnellement lieu à un compte rendu du porte-parole du gouvernement (en l’occurrence Olivier Véran, maintenu à son poste). Elle risque toutefois d’avoir du mal à remplacer le grand recadrage de l’action publique à l’usage de l’opinion que beaucoup attendent depuis huit jours au moins …

Car cette adresse au gouvernement en général, et aux nouveaux entrants en particulier, aura eu de quoi laisser cruellement sur leur faim ceux qui, à l’intérieur comme à l’extérieur des milieux politiques, aimeraient bien savoir où Emmanuel Macron compte mener ses troupes – et les Français avec elles. Ce n’est pas, en tout cas, le contenu de ce remaniement – d’ailleurs qualifié par ses proches de simple „ajustement“, comme si consigne leur avait été donnée d’en minimiser la portée – qui risque de les mettre sur la voie.

Le constat général est en effet qu’en dehors d’une confiance renouvelée de manière un peu contrainte à Mme Borne, et d’une défiance affichée à l’égard de la „société civile“ dont les vertus étaient pourtant portées aux nues il y a un an, les lignes directrices tracées hier par M. Macron sont celles que ses ministres précédents étaient déjà censés suivre, et les prédécesseurs de leurs prédécesseurs avant eux. „Le cap est clair et simple“, a-t-il ainsi assuré, non sans se féliciter de certaines avancées qui ont selon lui marqué les débuts de son second quinquennat, comme „la baisse du chômage, qui se poursuit“, ou, dans un registre beaucoup plus discuté, la réindustrialisation de la France, „la transformation profonde de son système scolaire“, ou encore „la génération du système d’accès aux soins médicaux“. A se demander pourquoi les ministres de l’Education nationale et de la Santé ont été limogés …

Un „cadre exigeant“, mais encore?

Quant aux projets pour la rentrée, M. Macron a notamment prôné l’adoption d’un „cadre exigeant“, notion certes estimable mais bien vague, et la „mise en ordre des finances publiques dans le projet de budget pour 2024, comme si leur déséquilibre chronique était le fait du gouvernement, et au premier chef de Bruno Le Maire, le ministre des Finances, plutôt que des largesses présidentielles à répétition pour tenter d’éteindre les foyers de contestation sociale. M. Macron a même fait de la réduction des déficits publics „une des clés de la crédibilité de la France en Europe“.

Autres chantiers gouvernementaux de rentrée: l’écologie, bien sûr, l’immigration, à laquelle il a souhaité qu’un projet de loi „solide“ permette de répondre „de façon pragmatique“, la rénovation de la justice, de l’école, de l’hôpital – tout cela tenant plus d’un rappel que d’une nouvelle feuille de route. Plus originale, car dictée par l’actualité, aura été la phrase présidentielle selon laquelle le gouvernement devra „donner une réponse complète et profonde“ aux émeutes de fin juin et début juillet. Celles-ci ont illustré, a-t-il ajouté, „un risque de fragmentation et de division de la société“.

Cette modeste adresse au gouvernement remanié, où huit partants ont été remplacés par huit nouveaux à peu près aussi peu connus, cependant que quelques permutations avaient lieu parmi les restants, risque en fait d’avoir surtout donné à l’opinion, après un long faux suspense, le sentiment que l’homme de l’Elysée restait très hésitant sur la gestion des prochaines échéances … et très dépendant, pour les portefeuilles dits „régaliens“, de la droite dont sont issus ses ministres des Finances, de l’Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères, tous maintenus.

Evoquant la noblesse, mais aussi les exigences, du métier de ministre, M. Macron a conclu: „Ça ne consiste pas à ,parler dans le poste‘, mais à mettre en œuvre des décisions qui correspondent à une stratégie.“ Il serait difficile de lui donner tort, mais tentant tout de même de lui rappeler que celui de président aussi.