En fait, le vrai-faux suspense durait pratiquement depuis qu’en avril, Emmanuel Macron avait donné cent jours à Élisabeth Borne pour relancer l’action publique et apaiser les tensions, ambition que l’explosion des banlieues et son milliard d’euros de dégâts en moins d’une semaine aura réduite en cendres, sans mauvais jeu de mots. Cette période d’incertitude n’aura guère contribué à mobiliser le gouvernement, dont nombre de membres pouvaient se sentir sur le départ.
Elle aura aussi créé le sentiment que jusqu’au bout, le bras de fer se prolongeait entre une première ministre finalement confortée dans son poste et un président muré dans son silence, comme incapable de trancher, ou au moins de livrer sa propre lecture des événements. Et pour l’opinion, une fois enfin connu le résultat, l’envie de se dire: „Et tout ça pour ça!“ Car ces remaniements gouvernementaux donnent souvent aux électeurs le sentiment que tout cela ne change décidément pas grand-chose, et ne passionne que les professionnels de la politique.
Il n’empêche: il y a tout de même plusieurs enseignements à en tirer. A commencer par le maintien à Matignon de Mme Borne, de la survie politique de laquelle on ne donnait encore pas très cher voici quelques semaines. Sa solidité et sa loyauté, à défaut de charisme ou de brio, ont su faire taire les critiques, au moins dans l’immédiat, aux yeux du chef de l’Etat. Il y a aussi un certain échec des représentants de ce qu’il est convenu d’appeler la „société civile“, autrement dit les personnalités venues d’un autre univers que celui de la politique politicienne.
Ndiaye remplacé, Dupont-Moretti reste
Ainsi de Marlène Schiappa, qui était de toute façon menacée, parmi d’autres choses, par la gestion financière très critiquée de son „Fonds Marianne“. Et, plus spectaculaire encore, de Pap Ndiaye, très contesté au ministère de l’Éducation nationale, un secteur qui est souvent présenté comme en pleine perdition, à la tête duquel il est remplacé, guère plus d’un an après sa nomination, par le jeune Gabriel Attal, macroniste en pleine ascension.
De même pour le médecin urgentiste François Braun, qui n’avait guère marqué son empreinte personnelle face à la crise de l’institution sanitaire française, au ministère de la Santé et de la Prévention, où il est remplacé par Aurélien Rousseau, ex-directeur de cabinet de Mme Borne à Matignon. En revanche, le très controversé ministre de la Justice, l’avocat Eric Dupont-Moretti, reste à son poste.
Parmi les promus, certains sont des piliers de la Macronie. Fussent-ils parfois encombrants, comme la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé, qui rêvait depuis longtemps d’un poste ministériel. Et qui obtient, à trente-six ans, défaut de l’Éducation nationale ou de la Culture, qui auraient eu sa préférence, le portefeuille des Solidarités, des Personnes âgées et des Handicapés. Cela en remplacement de Jean-Christophe Combe, au profil estimable, mais jugé trop peu „politique“ aux yeux du chef de l’Etat, lequel ne l’aura finalement gardé au gouvernement qu’un an; et a manifestement pardonné à Mme Bergé ses prises de positions parfois abruptes ou à contre-courant.
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