C’est la graphiste et illustratrice Caroline Labadie qui a créé le visuel du festival de cette année. Connue sous le nom de Sentenza pour la réalisation d’affiches de films, tant pour la France et l’Italie que pour d’autres pays, l’artiste, présente à la conférence de presse, a parlé de sa création: „C’était assez effrayant au début de devoir représenter un festival, car résumer un film est beaucoup moins large que tout un festival, mais puis c’est venu assez naturellement!“
Elle a visionné les films d’Ettore Scola, réalisateur auquel le festival rendra un important hommage par la projection d’une sélection de ses films et par une carte blanche assurée par Jean Gili. Sentenza a dessiné une scène de tournage, transposée de Rome à Milan, où l’on reconnait Scola à l’œuvre. En effet, le thème du festival 2023 est „Le cinéma en Lombardie“, la région dont Milan est le chef-lieu. „J’ai trouvé drôle le fait qu’une ambulance avait été arrêtée pour le tournage d’un film et j’ai pris cette scène pour représenter le festival“, a-t-elle expliqué.
Sandrine Garcia, la nouvelle déléguée générale du festival, qui, à la suite du départ en retraite d’Antoine Compagnone, a repris les rênes du Pôle de l’Image dans la continuité de ce qui a été réalisé jusqu’à présent, a révélé les grandes lignes de la manifestation automnale. L’équipe organisatrice s’est enrichie d’un co-délégué artistique, Federico Pedroni, critique de cinéma qui vit à Rome et travaille pour RAI Cinema. Il fait partie du comité de sélection de la semaine de la critique du festival de Venise.
Les moments forts seront la cérémonie d’ouverture à l’Arche, le vendredi 27 octobre à 20 heures, la cérémonie de remise des Amilcar, le vendredi 10 novembre à 20 heures. La programmation prévoit 65 films, répartis dans les sections habituelles: la sélection officielle avec les films en compétition et hors compétition, le panorama, qui comprend la production italienne actuelle, le thème ou rétrospective, ainsi que l’hommage à Ettore Scola. Le portrait d’une personnalité italienne du cinéma reste à définir. Comme d’habitude, les films seront présentés au public scolaire durant la 2e semaine de festival. Les films choisis ainsi que les membres des jurys seront annoncés mi-octobre.
Les six salles de projection seront au Luxembourg le Ciné Starlight au CNA de Dudelange, le Kinosch à la Kulturfabrik d’Esch et en France à l’Hôtel de ville de Villerupt, à l’Arche 1 et 2, à la MJC d’Audun-le-Tiche, sans oublier le Cinémobile. Côté restauration, il y aura de quoi se régaler sous le chapiteau placé sur le parvis de l’Arche, au restaurant et au bar à l’intérieur de l’Arche, à l’Hôtel de ville de Villerupt et à la MJC d’Audun.
Oreste Sacchelli, délégué artistique, a ensuite élucidé les critères qui déterminent le choix du thème: „Ces critères sont basés sur la question: est-ce qu’il y a une urgence à présenter quelque chose? Si ce n’est pas le cas, alors on a le temps d’explorer un domaine qui échappe à l’actualité.“
Le choix est donc tombé sur une région de l’Italie, la Lombardie. Sacchelli a précisé que „parler d’un territoire, c’est s’occuper de sa géographie à travers les films, constater comment ce territoire est marqué par l’évolution de la société et comment le regard d’un cinéaste fait la synthèse de tout ça à travers sa propre idéologie, composée de son idée politique, de son éthique et de sa façon d’entamer le cinéma dans le débat du moment“.
Rétrospective milanaise
La rétrospective autour de Milan, composée d’une dizaine de films, va donc de l’après-guerre à nos jours. Chaque film présenté a une spécificité quant au réalisateur et à la réalité des lieux et du cinéma de l’époque. „Le Veuf“ (1959) est une comédie de Dino Risi, un des rares auteurs à être né à Milan, mais qui n’y est pas resté longtemps, car pour faire du cinéma, il est allé à Rome.
La fin des années 50 marque le début de la comédie à l’italienne et le regard, qui est porté sur Milan à ce moment-là, passe par le prisme de la comédie. „Ratataplan“ (1979), comédie de Maurizio Nichetti, marque le début d’un cinéma de jeunes auteurs, impliqués à la fois dans leur condition juvénile, à savoir la difficulté à trouver du travail, à s’intégrer, à comprendre le monde tel qu’il va.
C’est à Milan que la situation était la plus aiguë. Sacchelli commenta: „C’est en quelque sorte un anti-Moretti, puisque Moretti est bavard, alors que Nichetti avait pris la décision de ne jamais parler dans ses films. Ce qui a été vrai pendant trois films.“
Avec le drame historique „Piazza Fontana“ (2012), Marco Tullio Giordana s’est occupé d’un des grands événements qui ont marqué l’après-guerre italien: l’attentat du 12 décembre 1969 à la Banque de l’agriculture à Piazza Fontana, considéré comme le premier moment marquant de la „stratégie de la tension“, qui a animé la vie politique et sociale des années 70.
Par son film „Rocco et ses frères“ (1960), Luchino Visconti, réalisateur milanais qui n’a tourné qu’un seul film à Milan, jette un regard drôle et dramatique à la fois sur les années du boom économique, années de migration du sud vers le nord. „Cette opposition sud et nord, ce phénomène migratoire perçu à l’époque comme étant l’intégration dans la classe ouvrière de ces paysans venus du sud, qui n’avaient pas la connaissance de ce qui était la ville, la modernité“, précisa Sacchelli. Mais c’est aussi la vie provinciale de Milan, moins animée et effervescente, qui capta le regard des cinéastes.
Le Festival du film italien de Villerupt fera découvrir aussi les toutes nouvelles productions du cinéma actuel, y compris des avant-premières. Il est indéniable qu’être conscient de ce qui a fait l’histoire du cinéma est une prémisse importante pour apprécier les nouvelles créations. „En général, les critiques de films font référence à la comédie à l’italienne, au néoréalisme, aux années de plomb …, un peu comme si c’étaient des périodes marquantes, pour trouver une valeur aux films qui sont en train de sortir“, remarqua Sacchelli.
Il conclut en disant: „Pour comprendre l’importance et les conditions d’existence de ces films, il est nécessaire de connaître leurs parents, leurs grands-parents, c.-à-d. ce qui a fait que le cinéma italien est devenu, dans le bien et dans le mal, ce qu’il est aujourd’hui.“ Le bien étant la créativité, le mal le peu de diffusion.
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