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FranceLe coût des dégradations pourrait excéder un milliard d’euros

France / Le coût des dégradations pourrait excéder un milliard d’euros
Les maires des 241 communes les plus touchées ont été reçus à l’Elysée par le président Macron Photo: AFP/Ludovic Marin

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Le président Macron a reçu mardi à l’Elysée les maires des 241 communes les plus touchées par les exactions, pour en comprendre les raisons „avant d’en tirer des conclusions“. L’effet à long terme des violences reste une inconnue.

La nuit de dimanche à lundi, et plus encore la suivante, ont montré une sensible diminution du nombre et de la violence des émeutiers, même si les blessés, les interpellations et les dégâts matériels restent nombreux. Lundi, des rassemblements avaient eu lieu devant les mairies, à l’appel de l’Association des maires de France, pour condamner les exactions et appeler à l’unité nationale; hier, les maires des 241 communes les plus touchées ont été reçus à l’Elysée par le président Macron.

Il est vrai que la tentative d’assassinat perpétrée contre le maire de L’Haÿ-les-Roses, commune jusqu’alors paisible de la banlieue parisienne, Vincent Jeanbrun, sa femme et ses enfants, à l’aide d’une voiture-bélier préalablement incendiée, semble avoir porté, en retour, un coup d’arrêt au déchaînement que l’on avait connu jusque-là. Lequel avait manifestement de moins en moins de rapport avec la mort du jeune Nahel, tué alors que, conduisant sans permis, il tentait d’échapper à un contrôle de police.

Une manifestation avait été organisée dans cette commune moyenne d’Île-de-France, qui n’avait sans doute jamais vu passer autant de personnalités politiques – parmi lesquelles la droite dominait largement, l’édile étant lui-même un élu LR – défilant derrière une bannière où l’on pouvait lire: „Ensemble pour la République“. Mais devant beaucoup d’autres mairies, la foule était également importante, et ne cachait pas sa colère à l’égard des émeutiers … et du coût que leurs dégâts allaient représenter pour les contribuables.

Les gens qui sont en train de casser, je leur dis ,Arrêtez‘! On veut calmer les choses, alors que certains ont pris Nahel comme un prétexte.

La grand-mère du jeune Nahel

Les troubles de 2005, qui avaient duré trois semaines mais n’avaient pas atteint un tel degré de violence, avaient coûté aux Français quelque 200 millions d’euros; ceux des Gilets jaunes, et 2018, environ 250 millions. Tout semble indiquer, sous réserve d’une évaluation finale plus précise, que les frais seront très largement supérieurs cette fois-ci, avec notamment des dizaines de bâtiments publics détruits, souvent à reconstruire entièrement: on en évalue pour l’instant le montant à au moins un milliard d’euros, sans doute davantage même. Sans parler du manque à gagner pour beaucoup d’activités, hôtelières ou autres, et de stocks pillés ou saccagés … et de l’effet à long terme sur l’image de la France.

Plus de 3.000 émeutiers en garde à vue

Et maintenant? La première ministre a réuni lundi à Matignon les présidents des groupes parlementaires, et le président Macron a reçu mardi à l’Elysée les maires des 241 communes les plus touchées par les exactions, pour en comprendre les raisons „avant d’en tirer des conclusions“. Il leur a exprimé „le soutien, l’estime et la reconnaissance de la Nation“ pour leur action de ces derniers jours. Et tout en se gardant bien de considérer cet épisode dramatique comme clos – le chef de l’Etat a estimé devant ces édiles que „le pic des violences“ était désormais „dépassé“ – l’exécutif cherche manifestement à amorcer un „après“, en l’espérant plus durable et plus solide que ne l’avaient été les sorties de crise de 2005 et 2018.

Sans doute peut-il aussi compter sur un „effet vacances“ pour calmer le jeu. Mais pour combien de temps? Telle est bien la question qu’il voudrait pouvoir régler. La grand-mère du jeune Nahel, en tout cas, a lancé un appel à l’arrêt des violences: „Les gens qui sont en train de casser, je leur dis ,Arrêtez‘! Qu’ils ne cassent plus les vitrines, les bus, les écoles! On veut calmer les choses, alors que certains ont pris Nahel comme un prétexte. Les policiers, heureusement qu’ils sont là!“, a-t-elle ajouté, assurant n’en vouloir „qu’à celui qui a tué mon petit-fils“.

En attendant, plus de 3.000 émeutiers auront été mis en garde à vue depuis le début des violences, dont quelque 600 ont été déférés au parquet, environ la moitié pour être jugés en comparution immédiate. Accessoirement, cette nouvelle crise, qui aura contraint M. Macron à reporter sa visite d’État en Allemagne, aura aussi accentué la césure de plus en plus manifeste qui divise la Nupes: socialistes, communistes et verts ont appelé au calme et comprennent mal que M. Mélenchon s’y refuse, s’interdisant de mettre en cause les jeunes casseurs. Ce sont „des pauvres qui s’insurgent“, a-t-il assuré, en attribuant à la police dans son ensemble la responsabilité de la situation. Et à l’impunité dont elle bénéficierait de la part des politiques, alors même que l’auteur du coup de feu mortel attend son procès sous les verrous.