Il est vrai que les ambitions mises par le président français dans cette rencontre originale étaient élevées: montrer que l’ont peut réussir à concilier la lutte contre la pauvreté, pour la biodiversité et contre les dérèglements climatiques. Or, devait-il expliquer hier matin à la télévision, „sauver la planète, c’est essayer de réconcilier un monde qui vit un moment de fracture et de risques“. Et pour y parvenir, avait-il ajouté, „la planète est là, à Paris: le premier ministre chinois, le président brésilien, le président sud-africain et beaucoup d’autres dirigeants, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Vietnam, les Etats-Unis, l’Europe …“
C’est là, il est vrai, une préoccupation déjà ancienne chez le locataire de l’Elysée, qui comptait bien le rappeler par cette initiative, mais aussi répondre aux critiques venues des Verts français sur le thème: Vous en parlez beaucoup, mais ne faites rien concrètement. Restera, justement, à transformer l’essai relativement modeste marqué ces deux journées à Paris par ce sommet: les piètres conséquences réelles de précédentes réunions du même ordre – dont, pour rester en France, la COP21 – sont encore dans les mémoires.
„La France a un effet d’entraînement sur toute la planète“, a même contre-attaqué M. Macron, „et nous tenons nos engagements puisque nous avons augmenté notre aide publique au développement de 50 pour cent.“ Mais le président français a surtout insisté sur le fait qu’aucun pays ne devrait „être mis en situation de devoir choisir entre la pauvreté, le climat et la biodiversité“. Et il a cité à cet égard le bon exemple du Sénégal, que des pays occidentaux vont aider financièrement à remplacer le fioul lourd dans son approvisionnement énergétique, annonçant aussi le rééchelonnement de la dette du Tchad et de la Gambie comme exemple de ce que peut faire le monde industrialisé pour aider le Sud.
Comment attirer les capitaux privés?
Une clause de suspension du paiement de la dette des pays pauvres en cas de catastrophe naturelle a même été adoptée. A la plus grande satisfaction de la première ministre de la Barbade, Mia Mottley, qui le réclamait depuis longtemps. Mais le président brésilien Lula da Silva, dans une longue et véhémente intervention, a vertement critiqué un système financier international qui, a-t-il dit, „fait que celui qui est riche est toujours riche, et celui qui est pauvre est toujours pauvre“.
Le Fonds monétaire international s’est toutefois engagé, au cours de ce sommet, à porter à 100 milliards de dollars ses financements pour le développement des pays pauvres. La Banque mondiale devrait elle aussi contribuer à un tel effort financier. Mais le président Macron compte également trouver le moyen d’attirer dans ce vaste effort collectif une partie de l’immense réserve des capitaux privés mondiaux: pour lui, „à chaque euro public investi devrait correspondre un euro privé“.
Ce qu’il estime faisable en direction des pays à revenu intermédiaire et les émergents, voire ceux qui entament tout juste leur développement, mais à condition, ajoute-t-il lucidement, de réduire les risques économiques et politiques pour ces investisseurs privés. Or c’est là, à l’évidence, l’un des obstacles majeurs à l’afflux de capitaux du Nord de la planète en direction du „Sud global“. De même que tout projet de „taxe climat“ sur la fortune ou les transactions financières ne peut se concevoir que collectivement, faute de quoi les pays les plus „vertueux“ seront aussitôt punis par une fuite massive des capitaux et des marchés, a-t-il été souligné par différents participants.
Au total, si ce sommet n’a donc pas permis de changement fort des mécanismes et des mentalités de la finance internationale en faveur du développement et de l’environnement – il fallait tout l’optimisme de commande du président Macron pour se féliciter d’un „consensus complet pour réformer en profondeur le système financier mondial“ – du moins aura-t-il permis d’enregistrer certaines avancées qui feront peut-être leur chemin. Mais pas, tout de même, la grande déclaration finale qui était tant espérée du côté français.
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