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FranceLes Républicains cherchent à redevenir un grand parti de gouvernement

France / Les Républicains cherchent à redevenir un grand parti de gouvernement
Le président des Républicains, Eric Ciotti s’adresse aux militants du parti au Cirque d’Hiver à Paris Photo: AFP/Ludovic Marin

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Le parti des Républicains (LR) a réuni, samedi à Paris, la première session d’une longue série d’„états généraux“. Soit 234 ans, jour pour jour, après que le Tiers-état, après avoir lui aussi rassemblé ses états-généraux – quoique dans un tout autre contexte: celui de la Révolution française! – s’était constitué en Assemblée nationale. D’autres réunions doivent suivre tout au long des six prochains mois, pour tenter d’opérer, lui aussi, sa révolution.

L’ambition est vaste, et le besoin pressant: refaire des Républicains un grand parti de gouvernement. Et cela onze ans après avoir perdu le pouvoir (à la présidentielle de 2012) et après deux autres échecs dans la course à l’Elysée contre Emmanuel Macron, le dernier particulièrement cinglant avec 4,78% des voix pour leur candidate Valérie Pécresse, avant de voir, aux législatives qui ont suivi, leur groupe à l’Assemblée nationale réduit à 56 membres, contre … 365 vingt-cinq ans plus tôt. De quoi éprouver en effet un légitime sentiment de décrépitude, s’ajoutant à des positions municipales qui, sans s’effriter dans les mêmes proportions, ont subi les coups de boutoirs des Verts.

Il est vrai qu’entre-temps, le phénomène Macron est passé par là. Pour affaibli qu’il apparaisse lui-même aujourd’hui, tout particulièrement après le long et dévastateur épisode de la réforme des retraites, on ne peut oublier combien, lors de son irruption électorale de 2017, et durant les années qui ont suivi, il a démantibulé les deux principales forces qui s’étaient jusque-là partagé en alternance l’essentiel du pouvoir de la Ve République: la droite et la gauche modérées. A son propre profit pour l’essentiel, et aussi à celui des deux extrêmes, le Rassemblement national et La France insoumise.

Jamais „la France n’a été aussi à droite“

Le parti LR part aujourd’hui de trois observations qui, sans lui promettre le succès, l’encouragent dans ses espérances. La première est que, comme le note Eric Ciotti, jamais „la France n’a été aussi à droite“ – du moins si l’on additionne à la droite modérée le centre macroniste et l’extrême droite lepéniste. Deuxième observation, à la logique plus empirique et moins comptable: il est peu probable que le macronisme survive à la fin du second et dernier quinquennat de son fondateur, puisqu’il n’a guère su développer ni corps de doctrine ni implantation locale.

Enfin, la nostalgie reste grande, chez les militants au moins, et dans une certaine mesure chez les cadres du parti, de la grande époque chiraquienne, celle des assises du RPR de 1990, où, deux ans après avoir perdu à nouveau l’élection présidentielle contre François Mitterrand, le maire de Paris avait su relancer son parti pour en faire un vrai mouvement populaire de droite assumée, y compris sur l’immigration, qui allait le porter à l’Elysée cinq ans plus tard face à un Edouard Balladur d’une droite plus modérée.

Mais le problème d’aujourd’hui, pour les Républicains, pourrait bien être, justement, celui du leadership. La grand-messe de samedi a surtout consisté, malgré différentes autres interventions, de dirigeants comme de militants, y compris fort critiques, en un long et véhément prêche du président du mouvement, Eric Ciotti, qui incarne résolument l’aile droite des héritiers du chiraquisme, et, au-delà, du gaullisme.

Rendez-vous chez Wauquiez?

Certes, c’est une immense photo du Général qui a ouvert la session de ces états-généraux, et M. Ciotti n’a pas oublié de mettre l’accent sur la notion de rassemblement, de compagnonnage, d’écoute mutuelle. Mais en dénonçant tout de même La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon comme „l’ennemi de la France, l’ennemi de la République“; ce qui devait faire dire à Rachida Dati, ancienne ministre sarkoziste, importante cadre du parti, et qui ne passe pas pour un des éléments les plus à gauche de la direction LR: „En fait, l’ennemi de la France, ce sont les tensions, les inégalités, le chômage; bref, c’est l’état actuel de la France!“

Trois principaux ateliers ont occupé les délégués samedi: „Où en est la droite?“, „Où la droite doit-elle aller?“, „Comment va-t-elle s’y prendre?“ Autant d’occasions de rappeler des constats ou des propositions déjà souvent entendus, davantage que de prospecter l’avenir stratégique et tactique des Républicains. Pour lesquels il ne suffira décidément pas d’aller répétant qu’ils „sont prêts à gouverner“, notamment s’il prenait au président Macron l’idée (probablement suicidaire) de dissoudre l’Assemblée nationale, où les députés LR ne reviendraient d’ailleurs sans doute pas plus nombreux qu’ils ne l’auraient quittée.

La prochaine session de ces états-généraux, qui ne semblaient guère dessiner samedi, pour l’ex-grand parti de la droite modérée, les contours clairs d’un nouvel avenir, devrait avoir lieu au Puy-en-Velay, dans le fief de Laurent Wauquiez, l’ancien ministre qui semble aujourd’hui le plus avancé dans un projet de candidature pour 2025. Y fera-t-il plus clair alors? Selon une formule que rapporte l’hebdomadaire Le Point, l’un des cadres LR, se référant au grand portrait de de Gaulle affiché à l’ouverture de ces états-généraux, a eu cette formule amère: „Il ne suffit pas de convoquer l’histoire pour la faire.“ Pour l’instant, on ne saurait mieux dire.