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FilmVacillement entre compassion et dégoût: „To Leslie“ de Michael Morris

Film / Vacillement entre compassion et dégoût: „To Leslie“ de Michael Morris
Andrea Riseborough convainc dans le rôle d’un personnage de toxico profondément ambivalent Momentum Pictures

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„To Leslie“ nous fait traverser l’histoire d’une femme atteinte d’alcoolisme et de son destin qui l’a fait tomber dans le maelström de son propre désespoir.

Après avoir gagné le gros lot, Leslie, mère célibataire, partage sa joie, son excitation et ses projets avec un journaliste devant les caméras. Six ans plus tard, on voit une femme, l’air malade, recroquevillée dans une chambre minable dont elle se fait expulser. La chanceuse a dilapidé tous ses gains dans l’alcool. Ainsi, sa relation avec son fils s’est fortement détériorée, jusqu’à la perte de tout contact entre la mère et son enfant. Toutefois, n’ayant nulle part où aller, elle se tourne naturellement vers son fils, qui voit rapidement clair dans le jeu de sa mère. De son côté, il suffit de quelques lignes rouges franchies avant qu’il ne perde patience et la contraigne à retourner dans sa ville natale.

Le ton de l’histoire varie autant que l’état d’esprit de Leslie. Au moyen d’une large palette d’émotions, l’interprétation juste et absorbante d’Andrea Riseborough nous fait à la fois compatir et détester le personnage principal faible et vulnérable, mais aussi manipulateur et ingrat. Malgré toutes les opportunités de remonter la pente qui s’offrent à elle, Leslie préfère s’apitoyer sur son sort jusqu’à devenir excessivement méprisante envers les gens qui tentent de l’aider. Elle se fait embaucher dans un motel, mais ne s’applique pas; on lui donne une avance sur son salaire, elle la dépense en boisson. Comment voir évoluer l’état du personnage avec une telle attitude?

Pourtant, bien que la façon dont la protagoniste abuse de l’empathie d’autrui soit absolument injuste, le film la montre comme une personne malade et sans défense, prise au piège de l’addiction. Son alcoolisme pourrait même aller jusqu’à justifier le fait qu’elle doive vivre aux crochets d’autrui. La difficulté de sortir d’une addiction est incontestable et demande un grand sens de la discipline qui, hélas, est une qualité que Leslie ne semble pas avoir. Il est tout à fait normal de faire preuve de solidarité envers une personne en détresse – mais si cette personne ne fait aucun effort pour s’en sortir et ne fait que profiter, il faut se rendre à l’évidence et admettre que c’est une question de (manque de) volonté. Il s’agit là d’un cercle vicieux qui la fait retourner à chaque fois à la case départ où elle trouve son réconfort dans l’alcool.

Certes, Leslie est une personne qui a trébuché, qui a emprunté une mauvaise voie – mais ce que Morris montre, c’est qu’elle reste avant tout un être humain. Son quotidien est rude et son comportement n’est que l’expression d’une douleur profonde. Cependant, la situation dans laquelle elle se retrouve est due à ses propres décisions, elle s’est enfoncée elle-même alors qu’elle ne manquait pas du soutien des autres. Ainsi, entre peine et répugnance, la frontière est vite franchie.