À travers des témoignages de pratiquants du Falun Gong émigrés de Chine, l’histoire du piratage de plusieurs chaînes de télévision de la ville chinoise de Changchun, littéralement traduit par „printemps éternel“, est retracée. Au début du XXIe siècle, le système de crédit social, aujourd’hui généralisé en République populaire de Chine, n’est alors encore qu’un projet, qu’une idée en cours de développement. Pourtant, la volonté de contrôle de la population touche déjà aux sphères les plus personnelles de la vie privée de ses citoyens, telles que leurs croyances et leurs convictions spirituelles. Du fait que la doctrine communiste impose l’athéisme, plusieurs communautés religieuses et spirituelles y sont persécutées.
Ainsi, l’illustrateur de bandes dessinées Daxiong, qui vit aujourd’hui aux États-Unis, raconte, entre prises de vue et dessins d’animation, l’injustice contre laquelle les pratiquants du Falun Gong doivent lutter.
Suite à la répression des pratiquants et à la médisance omniprésente dans les médias, plusieurs adeptes du Falun Gong s’unissent dans le but d’organiser un acte terroriste qui leur permettra de propager le véritable message prôné au sein du mouvement. Mais peut-on vraiment qualifier d’acte terroriste un tel geste de rébellion contre l’injustice et le mensonge?
La distribution de tracts et de prospectus et l’affichage de messages de paix ne suffisant plus au rétablissement de la vérité, naît l’idée de diffuser une vidéo informative à propos du mouvement. De la sorte, ses adeptes commettent une action irréversible et lourde de conséquences en réponse à la diffusion permanente de fausses informations au sujet de leurs convictions – des chaînes de télévision du câble sont détournées à Changchun le 5 mars 2002.
Il est évident que de multiples points communs sont à observer entre „Eternal Spring“ et „Flee“, réalisé par Jonas Poher Rasmussen en 2021. Outre le fait que les deux œuvres aient été créées à partir de dessins d’animation, les sujets traités sont de la même nature, bien qu’il y ait maintes différences superficielles. Car la contrainte de quitter son pays, la répression et la discrimination laissent de profondes séquelles en chacun, quelle que soit son histoire – c’est sur ce discours que se rejoignent les deux films.
Le choix de Jason Loftus de se servir de témoignages poignants et pleins d’émotion pour faire revivre les évènements de Changchun en 2002 est simple et efficace. Cependant, nous ne devons pas oublier que la vision présentée tout au long du documentaire ne suit qu’une voie linéaire et ne nous fait voir qu’un seul côté de la médaille, ce qui peut être vu ou bien comme un écueil quand on considère qu’un documentaire devrait présenter un sujet dans sa globalité ou au contraire comme un atout, si l’on s’accorde à ce que l’objectif du réalisateur fut de transmettre un message précis qui lui tient à cœur.
Réaliser un documentaire sur une situation politique et sociale n’est pas une tâche facile à cause de la complexité des sujets et des subtilités qui s’en mêlent et qui empêchent d’évaluer une situation de manière binaire. Néanmoins, le témoignage direct de personnes impliquées constitue une valeur sûre et, en ce qui concerne l’émotion, ne doit s’incliner devant aucune fiction inspirée de faits réels.
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