Le Cercle artistique de Luxembourg (CAL) n’a de cesse depuis plusieurs années de dynamiser son image et de se montrer en tremplin pour les nouvelles générations d’artistes. Il s’agit de rompre avec la réputation qu’il traînait encore il y a une dizaine d’années, celle d’une „institution séculaire considérée comme en pente raide et son salon comme une grande messe vieillotte aux propositions ronflantes, dépassée par l’effervescente créativité du paysage artistique luxembourgeois“, ainsi que la décrivait Nathalie Becker en novembre dernier, lors d’une conférence organisée dans le cadre du Salon du CAL et retranscrite dans le catalogue de l’exposition de printemps 2023. La liste des jeunes artistes qui, depuis la fin du XIXe siècle, de Jean Mich à Anni Mertens, ont été primés à travers le CAL montre la diversité des profils et l’inexactitude de la rumeur publique. „Il est faux de dire que ce sont toujours les mêmes qui exposent“, soulignait hier le vice-président du CAL Serge Koch en évoquant ce dernier article à quelques heures de l’ouverture de l’exposition.
Aujourd’hui, le CAL se pense comme une plate-forme pour tous. Et tandis que le contenu de son salon d’automne est défini par un jury international qui avait sélectionné 43 artistes sur 169 en novembre, son exposition de printemps a des perspectives plus larges. Elle met l’accent sur les jeunes artistes qui ne sont pas membres titulaires du CAL. Sur les 69 artistes retenus pour exposer sur les 600 mètres carrés d’exposition qu’offre le Tramsschapp au Limpertsberg, 16 sont des jeunes artistes de moins de 36 ans. Il y a, à côté d’eux, 12 artistes invités (venant de Luxembourg, d’Allemagne et de Belgique), 23 artistes membres du CAL qui trouvent ici l’occasion d’exposer à nouveau leurs travaux, mais aussi 18 artistes venant d’ateliers protégés du Grand-Duché. „L’art doit fédérer“, dit le président du CAL, Marc Hostert.
Memento, un thème évident
À la différence des salons d’automne, les expositions du printemps ont un thème. Et l’édition 2023 s’est choisie „Memento“, cette notion qui, en histoire de l’art, désigne un objet ou une œuvre d’art qui rappelle un événement ou une personne du passé. „Le memento mori consiste à se souvenir de notre condition éphémère. Il nous rappelle aussi que toute inquiétude face à la mort est vaine et qu’il convient donc d’honorer la vie.“ C’est la ministre de la Culture herself, en préambule du catalogue, qui le dit. D’ailleurs, dans un pavillon situé dans le hall d’entrée, le photographe Serge Koch présente des séries de photos autour de ce thème, une inscription „Aimons-nous vivants“, relevée sur la vitrine d’un magasin en face d’un cimetière, et que son défunt père répétait souvent, ainsi qu’une série de six autres clichés rappelant le souvenir d’artistes luxembourgeois décédés ces dernières années.
Le sujet du memento est particulièrement suggestif pour les artistes, tant les souvenirs sont leur matière première, comme en convient le curateur de l’exposition, Roland Herrmann. „L’art est souvent utilisé pour commémorer une personne, un événement ou un lieu. C’est pourquoi les portraits, monuments et mémoriaux sont très fréquents. Ils servent comme rappels des personnes et des événements qui ont façonné nos vies et notre histoire“, explique-t-il. Le thème est aussi un espace de rencontre, d’inclusion et de résilience. „Quand nous partageons nos mémoires et mementos, nous nous connectons aux autres. Cela peut nous aider à nous sentir moins isolé“, écrit-il.
Si la peinture est la technique la plus représentée parmi les œuvres exposées, on retrouve aussi de la photographie, dont un triptyque du jeune artiste Pit Reding qui met les corps à nu et ne laissera personne indifférent, à commencer par les plus fervents catholiques… On remarquera aussi, parmi les nouveaux talents, les photos noir et blanc de Steven Païs, élève au Lycée des Arts et Métiers, ainsi que les peintures acryliques de Gloire Mpoyi, lycéen de l’International School. Parmi les auteurs plus aguerris, Filip Markiewicz ne manquera pas d’emballer avec ses œuvres qui creusent le sillon d’une peinture qui décrit une société liquide et détourne les icônes pop (ici David Bowie notamment).
Info
L’exposition est ouverte samedi 11 mars et dimanche 12 mars de 10 à 19 h, du lundi 13 au vendredi 17 mars de 14 à 18 h 30, le samedi 18 mars de 10 à 19 h et le dimanche 19 mars de 10 à 17 h au Tramsschapp (49, rue Ermesinde à Luxembourg). Des visites guidées sont proposées (voir sur www.cal.lu)
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