A l’hiver 1942, le Reich allemand était en train de buter contre ses propres limites. Sa 6e armée était désormais encerclée par les Soviétiques à Stalingrad et ses troupes en Afrique du Nord étaient prises en tenaille par les Alliés. Peinant sur tous les fronts qu’il avait ouverts, il commençait à manquer sérieusement d’hommes. Le fait qu’il s’était résolu à mobiliser des soldats dans l’ensemble aussi peu fiables que les Luxembourgeois le montrait amplement.
Mais il commençait aussi à puiser dans ses propres réserves. Tous les hommes allemands en capacité de se battre, y compris les ouvriers, pourtant indispensables à la production de guerre, étaient désormais susceptibles d’être mobilisés. Cette situation impacta fortement l’administration civile allemande au Luxembourg, qui souffrait d’une pénurie de personnel depuis plusieurs mois déjà.
Les limites du pouvoir totalitaire
Dès janvier 1942, Hitler avait promulgué son ordre de rationalisation des services de l’administration (Verwaltungsvereinfachung)1). La perte d’effectifs que cet ordre avait coûté à l’administration civile allemande au Luxembourg avait été suffisamment importante pour contraindre le Gauleiter Gustav Simon à revoir ses objectifs à la baisse, comme l’écrivait Friedrich Münzel, l’un de ses bras droits, en février 1942: „Bei der Verwaltungsvereinfachung gemäss dem Führerbefehl vom 25.1.1942 soll zunächst versucht werden, die Arbeiten an der Volkstumskartei und der Namensveränderung nicht einzustellen. Dies will der Gauleiter vor allem deshalb vermeiden, weil er gerade diese beiden Aktionen am 4.1.1942 als vordringlich festgelegt hat. Dagegen können die politischen Überprüfungen durch den Personalbeauftragten insoweit eingeschränkt werden, als keine systematische Durchprüfung der Beamten erfolgt, sondern nur solche Fälle bearbeitet werden, die als besonders krasse Fälle von dritter Seite, insbesondere von der politischen Leitung an den Personalbeauftragten herangebracht werden. Darüber hinaus soll von einer systematischen Überprüfung der Handwerker und des Handels im allgemeinen abgesehen werden. Auch hier soll ein Einschreiten nur in besonders krassen Fällen erfolgen. Bei Gastwirtschaften, die als Sammelpunkt gegnerischer Kreise feststehen, soll jedoch ein schärferer Massstab angewendet werden.“2)
L’importance croissante des nazis luxembourgeois
L’incapacité de faire venir des renforts du Reich poussa aussi le Gauleiter à donner davantage de prérogatives aux organisations nazies locales. Certes celles-ci étaient en train de se décomposer, lentement mais sûrement, mais leur noyau dur, formé de nazis luxembourgeois de la première heure, était en train de se radicaliser. Pour la plupart, il s’agissait de pro-allemands qui avaient adhéré à la Volksdeutsche Bewegung (VdB) avant octobre 1940 et qui par la suite avaient été admis au sein du parti nazi.
L’administration civile allemande allait de plus en plus s’appuyer sur eux pour surveiller la population. Un signe le montre clairement. En juin 1941, une circulaire avait clairement interdit aux cadres politiques d’un rang inférieur à celui de Kreisleiter – c’est-à-dire à tout cadre local luxembourgeois – de rédiger des évaluations politiques ou des „certificats de bonne conduite“. A partir de fin 1942, début 1943, l’établissement de ce genre de documents devint l’une de leurs tâches principales.
Ce sont donc les pro-allemands qui faisaient remonter cette masse d’informations qui était le fondement même du pouvoir totalitaire sur le Luxembourg occupé. Sans celle-ci, son bras se serait abattu indistinctement sur la population. Si les autorités allemandes ne cachaient pas leur promptitude à recourir à la violence – bien au contraire –, elles voulaient aussi faire savoir qu’elles savaient exactement qui punir et pour quelle raison; qu’elles voyaient tout et contrôlaient tout. La peur, intériorisée par chaque Luxembourgeois, était leur outil de contrôle le plus efficace.
L’appareil de répression recrute des Luxembourgeois
Dès l’hiver 1942, les Allemands n’étaient donc plus en mesure tenir seuls le pays. L’Einsatzkommando der Sicherheitspolizei und des SD au Luxembourg (EKL), c’est-à-dire l’appareil de surveillance et de répression nazi au Luxembourg était à ce point en sous-effectif qu’il avait dû se résoudre à élever au rang d’agents des Luxembourgeois qui n’avaient occupé jusque-là que des postes subalternes, à l’exemple de Nikolaus Eduard F.
Celui-ci fut engagé par le chef de l’antenne de la Sipo-SD à Esch-sur-Alzette, Hans Klöcker. Après la guerre, ce dernier raconta que son service, qui couvrait l’ensemble du Bassin minier, ne comptait que six à huit hommes en décembre 1942. Au printemps 1943 l’agent qui faisait office d’interprète avait été mobilisé dans la Waffen-SS. Dans une région industrielle et frontalière comme l’était celle d’Esch, la présence d’un agent maîtrisant le français était pourtant absolument indispensable.
Après avoir multiplié les démarches, toutes rejetées, Klöcker s’était résolu à donner le poste à Nikolaus Eduard F., qui avait rendu des services à la Sipo-SD par le passé. Sa promotion au rang d’agent et son passage au service actif eurent lieu quelques mois plus tard, lorsque Klöcker dut faire face à une nouvelle baisse d’effectifs.3)
Crimes nazis, responsabilités luxembourgeoises
Le bureau principal de la Sipo-SD à Luxembourg n’employait quant à lui que 120 personnes au mois de janvier 1943 – en comptant les employés qui n’assumaient que des tâches purement administratives ou techniques (concierge, secrétaires, etc.).4) Lui aussi fut contraint d’engager progressivement ses auxiliaires luxembourgeois.
Une autre tâche allait être confiée aux collaborateurs luxembourgeois. Au lendemain des grèves d’août-septembre 1942, le Gauleiter Simon avait annoncé la déportation de familles luxembourgeoises qu’il jugeait inassimilables dans le Grand Reich. Ces familles d’opposants notoires devaient être spoliées de leurs biens et transplantées dans des régions de l’intérieur du Troisième Reich, comme les Sudètes ou la Silésie.
Des commissions devraient cependant décider quelles familles seraient punies de la sorte. Des pro-allemands, qui connaissaient leurs compatriotes mieux que n’importe quel fonctionnaire allemand, y siégeaient. Ces Luxembourgeois devant décider de la déportation d’autres Luxembourgeois avaient souvent le dernier mot.
L’omnipotence au Luxembourg du régime nazi et la responsabilité unique des Allemands dans les crimes qui y furent commis ont longtemps étaient mis en avant. Mais à partir de la fin 1942, les Luxembourgeois pro-nazis y ont joué un rôle de plus en plus important.
1) Voir notamment: AYCOBERRY, Pierre, La société allemande sous le Troisième Reich. 1933-1945, Paris 2001.
2) Archives nationales de Luxembourg (ANLux) Fonds Criminels de Guerre (CG), dossier Karl-August VENTER, „Rücksprache mit dem Gauleiter am 18. Februar 1942.“
3) ANLux, Fonds Affaires politiques (AP) F83 (Luxbg.), dossier Nikolaus Eduard F., interrogatoire de Hans Klöcker, rapport d’enquête du 26 mai 1948.
4) Voir: „In der Villa Pauly tätige Beamte“, in: Rappel, N° 3, 2006, pp. 395-406.
Guten Tag Herr Artuso,
Ihr deutscher Kollege, Herr Matthias KLEIN, weist in seinem Buch über die NS-Euthanasieverbrechen im Raum Trier auf die repressive, denunziatorische Rolle der ReichsbürgerInnen als "ErbgesundheitspolizistInnen" bei der Bevölkerungskontrolle hin. Die hieraus entstandenen "Volkstumskarteien" wurden für die
Durchführung der "erbbiologischen Bestandsaufnahme" zur Realisierung einer planvollen Sterilisationspraxis an "rassenhygienisch minderwertigen, lebensunwerten Ballastexistenzen" gebraucht und benutzt. Ab 1940 wurde aus dieser rassenhygienischen Sterilisationspraxis eine reichsweite Tötungspraxis. Zuerst zentral in Hadamar und fünf weiteren Tötungsanstalten, ab 1941 dann dezentral in den Institutionen des Gesundheitswesens durch letale Spritzen, Pillen und/oder Nahrungsentzug. Dieser kriminelle volksmedizinische Weg wurde laut dem deutschen Psychiatrie-Professor Heinz HÄFNER im gesamten "Altreich" und ohne Ausnahmen in allen besetzten Gebieten beschritten.
MfG
Robert Hottua, Gründer der LGSP