Le lundi 31 août 1942, lorsque le premier cortège de manifestants venus protester contre l’introduction du service militaire obligatoire, se forma dans les rues de Wiltz, la Gestapo ne tarda pas à intervenir. Ses quelques hommes sur place étaient toutefois secondés par des membres de la SA, en grande majorité des Luxembourgeois pro-allemands. Ce sont eux qui firent le gros du travail, pourchassant leurs compatriotes dans les rues de la cité ardennaise, les frappant et les arrêtant.
Au Luxembourg, la Sturmabteilung (SA) avait été créée début 1941 à partir du Stoßtrupp, le service d’ordre de la Volksdeutsche Bewegung (VdB). Au moment où les grèves éclatèrent, elle comptait près de 1.200 hommes, répartis en trois Standarten („régiments“): le Standarte 105 à Luxembourg le Standarte 122 à Esch-sur-Alzette et le Standarte 124 à Diekirch.
Les SS luxembourgeois
Dans le Sud, des collaborateurs appartenant à l’Allgemeine-SS furent également mobilisés pour la répression des grèves, comme l’atteste un document du SS-Sturm d’Esch, daté du 2 septembre 1942: „Auf fernmdl. Anordnung wurden am 31.8.1942 um 21,00 Uhr vom Leiter des Unterkommandos Esch, SS-Untersturmführer Siedenborg, vom SS-Sturm des Unterkommandos Esch einen Teil SS-Männer zur Verstärkung angefordert. Insgesamt haben 12 SS-Männer in der Zeit vom 31.8.1942, 22,00 Uhr bis zum 2.9.1942, 19,00 Uhr Dienst beim Unterkommando Esch versehen. Die Männer sind während der ersten Nacht ununterbrochen im Dienst gewesen und haben selbstständig Verhaftungen mit vorgenommen; ferner sind sie zur Bewachung der vorläufig Festgenommenen verwandt worden. Jedermann hat in bester Pflichterfüllung an der Aktion teilgenommen. Verschiedene Männer haben einen Lohnausfall gehabt. Es wird daher gebeten, für nachstehend angeführte Männer einen Tagesbetrag von 5,00 Rm. pro Mann zahlen zu wollen, damit jeder auf den Satz seines sonstigen Verdienstes kommt.“1)
Ces SS luxembourgeois, furent envoyés à l’aciérie de Schifflange, où l’équipe de nuit avait refusé de prendre le travail dans la nuit 31 août au 1er septembre 1942. Le témoignage que l’un de ces SS livra après la guerre nous en apprend plus sur leur activité durant cette nuit. Aux policiers luxembourgeois qui l’interrogeaient, après l’ouvrier Heinrich O. déclara: „Als am 1.9.1942 auf Grund der deutschen Wehrmachtseinführung der Generalstreik im ganzen Land Luxemburg proklamiert wurde, hatte ich mich nach meiner Dienstverrichtung zu Bette gelegt. Etwa gegen Mitternacht kam der SS-Mann S., Spezereienwarenhändler aus Esch/Alzette, Sternenplatz, zu mir in meiner Wohnung und erklärte mir, ich müsse aufstehen und den Dienst in der SS antreten. Ich leistete dann Folge und ging dann wie befohlen zum Polizeibüro, wo ich mit noch anderen Kameraden bis zum Morgen warten musste. […] Wir warteten so ab bis Tagesanbruch, wurden dann je einem Polizeimann zugeteilt. Zu 2 und 2 wurde ein Autowagen bestiegen und ich musste mit einem dieser Polizeimänner nach Schifflingen, wo es darum ging Streikende festzunehmen. Dies alles Leute, die ich gut kannte und welche Arbeitskameraden von mir waren. Es fiel mir schwer, doch es gab kein Zurück mehr. So half ich einen gewissen S. Paul aus Schifflingen und noch einen mir mit Namen unbekannten Walzer aus der dortigen Niedeschgasse deswegen verhaften, weil sie sich am Streik beteiligt hatten. Dieselben verbrachten der deutsche Schutzmann und ich zuerst nach der Schenke A., Wirt, wohnhaft zu Schifflingen in dessen Wohnung die Sammelstelle eingerichtet worden war und dann anschliessend nach Esch/Alzette zur Villa Seligmann, wo sie der Gestapo übergeben wurden.“2)
Nuit de terreur au siège de la Gestapo
Ses camarades et lui passèrent les heures suivantes à surveiller les prisonniers. Parmi ces derniers, il y avait Pierre W. Lui aussi donna sa version des faits après la guerre. Le 31 août 1942, il n’était pas allé travailler. Le lendemain matin à 5.00 h, il fut arrêté et conduit à la villa Seligmann, le siège de la Gestapo à Esch, où se trouvaient déjà une vingtaine de ses collègues. Parmi les SS, il reconnut plusieurs Luxembourgeois.
Pierre W. et ses compagnons d’infortune furent forcés à se mettre en ligne, visage contre le mur. Ils furent frappés à coup de crosse dans le dos, au cri de: „Wer nur die geringste Bewegung macht, wird sofort niedergeknallt.“ Ceux qui osaient tourner la tête étaient entraînés à la cave pour y être passés à tabac.3) Dans les jours qui suivirent, les SS effectuèrent des patrouilles ainsi que des contrôles d’identité à la gare de Esch.4)
Certaines Ortsgruppen (sections locales de la VdB et du parti nazi) furent aussi mises en état d’alerte pendant la période où prévalut l’état d’urgence. Le 6 septembre 1942, l’Ortsgruppenleiter de Schifflange, adressa une circulaire aux cadres de sa section. Il leur ordonnait d’être prêts à intervenir à tout moment mais aussi d’être clairement visibles dans l’espaces public. Ils avaient dorénavant l’obligation de porter l’insigne de la VdB ou du parti nazi en toute occasion et, pour tous ceux qui en possédaient un, de revêtir l’uniforme du parti, y compris au travail.5)
Une entrevue avec le chef de la VdB
La grève générale eut aussi pour conséquence de ramener les notables de la collaboration, et en particulier Damien Kratzenberg, le chef luxembourgeois de la VdB, sur le devant de la scène. Pour un court moment, dans le cadre de l’état d’urgence, ils furent de nouveau un recours pour la population affolée. C’est ainsi que le 2 septembre 1942, inquiètes pour leurs époux qui venaient d’être arrêté par les Allemands, cinq femmes se rendirent auprès de Kratzenberg pour en savoir plus sur le sort qui les attendait et, éventuellement, obtenir de lui qu’il intercède en leur faveur.
L’une d’elles, Betty L., pensait que cette démarche avait des chances d’aboutir, car Kratzenberg et son père, tous deux originaires de Clervaux, étaient des amis d’enfance. Elle fut d’autant plus choquée par l’accueil qu’elle reçut: „Wir wurden von Kratzenberg, der die Uniform und die Stiefeln trug, in seinem Büro empfangen. Er wollte mich nicht wiedererkennen, denn ich musste mich ihm vorstellen. Kratzenberg sagte zu mir, ich bräuchte nichts von meinem Ehemann zu ihm zu sagen, denn er kenne dessen Einstellung genau und überhaupt gebe er nichts für die Argumente und die Mätzchen der Frauen, da er die Einstellung eines Jeden kenne. Speziell in der Schule sei der deutsche Gedanke durch die Intellektuellen sabotiert worden. Plötzlich sprang Kratzenberg von seinem Stuhle auf und schrie noch lauter: ,Ich weiss ja wie ihr alle denket, ihr huren Preussen, wäret ihr alle gut freckt.‘ Alsdann beklagte sich Kratzenberg, dass kein Mensch auf der Strasse ihn grüssen würde. Ferner sagte derselbe es sei zu spät, es gebe kein Zurück mehr.“6)
Il finit par se calmer et prévint les femmes qui étaient venues le voir qu’il devait prendre congé d’elles; un rendez-vous important avec le CdZ l’attendait. En les quittant, il tenta tout de même de les rassurer en leur disant que les événements finiraient par prendre une tournure plus positive qu’elles ne le craignaient.
La réunion avec le Gauleiter
Le rendez-vous qui avait contraint Kratzenberg à interrompre sa conversation avec la délégation de femmes était en réalité une réunion sur l’état d’urgence auquel le Gauleiter Gustav Simon avait appelé les principaux responsables politiques et administratifs à participer. Elle eut lieu le 4 ou le 5 septembre dans le bâtiment de la Chambre des députés. Le Regierungspräsident Heinrich Siekmeier, l’un des bras droits du Gauleiter, raconta plus tard: „[E]s waren dort anwesend etwa 15 bis 20 Deutsche, die Kreisleiter, die Gauamtsleiter, die Behördenspitzen sowie die Staatspolizei. An einem andern Luxemburger kann ich mich nicht erinnern. Das Standgericht war damals schon eingeführt. Ich sass in der Nähe von Kratzenberg und konnte deutlich hören, als von Todesurteilen die Rede ging, dass er von Terrormassnahmen sprach. Er war entsetzt. Als einer seiner Nachbarn in fragendem Ton sagte, Terrormassnahmen?, wiederholte Kratzenberg: ,Ja, das sind Terrormassnahmen.‘ Kratzenberg machte mir an diesem Tag den Eindruck eines gebrochenen Mannes, der nicht mehr fähig war, Führer der VdB zu bleiben.“7)
A l’issue de la réunion, Kratzenberg fut abordé par des fonctionnaires allemands, qui lui firent comprendre qu’en tant que chef de la VdB, il devait essayer d’amadouer le Gauleiter. Kratzenberg décida alors de réunir un certain nombre de notables du mouvement pour discuter de la marche à suivre. En définitive ils s’entendirent sur une supplique qu’ils signèrent tous. Au matin du dimanche 6 septembre 1942, les signataires furent reçus par Simon. Kratzenberg lut le texte et le Gauleiter promit qu’il tiendrait compte des demandes de ses interlocuteurs luxembourgeois. L’état d’urgence fut partiellement levé le 8 septembre 1942.
1) Archives nationales de Luxembourg (ANLux), Fonds Affaires politiques (AP), B112 (Luxbg.).
2) ANLux AP B112 (Luxbg.), interrogatoire de Heinrich O. par la police d’Esch, 7 mars 1945, p. 3.
3) ANLux AP K113 (Luxbg.), témoignage de Pierre W., recueilli le 12 février 1946 par la police d’Esch.
4) ANLux EPU 368, chefs d’accusation et jugement à l’encontre de Johann H.
5) ANLux AP P 40.
6) ANLux AP SP 515/46 (Luxbg.), témoignage de Beby L. recueilli le 25 février 1946 par la gendarmerie de Luxembourg.
7) ANLux AP SP 515/46 (Luxbg.), interrogatoire de Heinrich Siekmeier, 3 avril 1946, pp. 2-3.
Mir schwetzen vill vun Zwangsrekrutieerten an vun vun letzebuerger Nazien. Mir schwetzen awer bal nie vun dene Letzebuerger die an England geflücht sinn an do geint Nazien gekämpft hun. (Beispill: Majouer Max Brahms / eischten Direkter vum 012)
Guten Tag Herr Artuso,
der "Deutsche Gedanke" beinhaltete doch schon seit 1933 Terrormaßnahmen. Seit 1933 wurden Systemkritiker in Konzentrationslagern gefoltert und getötet. Am 14. Juli 1933 wurde das "Gesetz zur Verhütung erbkranken Nachwuchses" in der deutschen Regierung beschlossen. Es trat am 1. Januar 1934 in Kraft. Es benötigte in großem Ausmaß von Terror überzeugte Gesundheits- und Gesinnungspolizisten. "Um eine Sozialreform durchzuführen, wie H. sie plant, muß erst die Masse aus der psychosenhaften Denkart, in die sie der Liberalismus und der Sozialismus hineinverstrickt haben, herausgelöst werden. …" (Luxemburger Wort, März 1933)
Diese Herauslösung geschah unter anderem durch Folter und Mord in den medizinischen Institutionen und psychiatrischen Anstalten. (Medizinische) Foltertötungen waren also seit 1933 von der obersten religiös-moralischen Führerschaft Luxemburgs legitimiert!
MfG
Robert Hottua