Attention, c’est son droit le plus strict de poser sa candidature pour ce poste, même si je trouve qu’elle manque d’élégance, d’esprit sportif, de solidarité sportive du fait qu’il a fait partie, (très) discrètement, certes, du Comité central de la FLF depuis 18 ans (!), au moins trop discrètement pour revendiquer aujourd’hui le poste suprême mis en jeu devant les délégués, avec comme stratégie de tout vouloir brûler aujourd’hui tout ce qu’il a vénéré hier. Je ne sais pas si ce Monsieur a jamais joué au football en dehors de la cour de récréation, ce qui est également tout à fait honorable, mais vu son comportement anti-sportif, j’ai des doutes. Je dirais même plus: le fait de rester membre d’une instance pour lui tomber dans le dos peu avant un congrès, sans avoir jamais fait part de son opposition et d’avoir gardé toutes les (bonnes?) idées pour soi, est une forme de mépris pour les délégués du congrès du 15 octobre. Cela mérite même un carton rouge …
Je n’en dirai pas plus aujourd’hui. Je me contenterai de vous proposer un plaidoyer pour la candidature Philipp.
Le pire qui puisse arriver à la FLF, c’est de perdre l’esprit de corps, l’homogénéité et l’esprit sportif que Philipp a pu insuffler au fil des années aux instances fédérales, indépendamment des petites chamailleries propres à tout constructif humain.
Imaginez qu’une majorité de l’équipe du CA reconduite demain, qui a déjà fait partie de l’ancienne équipe Philipp, se retrouve en porte-à-faux par rapport à l’élection éventuelle du challenger. Donc un président sans majorité au sein du Comité central de la FLF. Blocage total assuré. Guéguerre permanente. Risque d’instabilité quotidienne. Confrontations nombreuses. Des situations qui n’iraient pas dans le sens de l’intérêt supérieur de notre sport national numéro 1.
Une vie au service du foot
A y regarder de près, et sans aucun préjugé, tout observateur neutre doit reconnaître que le bilan de Philipp est plus que positif. En plus sa carrière de footballeur, son savoir quasi encyclopédique sur tout ce qui a trait au foot, sa personnalité et ses compétences footballistiques hors normes forcent le respect, même au-delà de nos frontières, à mille lieues de Junglinster. Raison de plus pour espérer que l’œuvre entamée pourra aller jusqu’au bout.
Hélas, je serais le dernier des Mohicans si j’ignorais que, de nos jours, les bilans sont moins demandés, que ce soit en politique ou dans le domaine sportif ou ailleurs, et qu’on aime bien se focaliser sur le programme futur. Même si c’est moins concret, cela fait rêver davantage …
Mais pardon, regardons-y d’un peu plus près, quand même. Car contrairement à tout programme (en fait une somme de paroles ou de mots qui n’engagent même pas leur auteur), le bilan, lui, ne fait pas (plus) rêver, mais il a l’avantage de pouvoir être chiffré, analysé, évalué, regardé, constaté, photographié, filmé. Nous sommes confrontés à une réalité concrète et non pas à une Fata Morgana (d’après le dictionnaire: phénomène extrêmement instable et qui ne dure que quelques minutes et qui, finalement, prend des dimensions extrêmement réduites).
A partir du moment où le président sortant demande le prolongement de son mandat, tout membre sortant du Comité central qui n’a cessé de soutenir la politique du président-candidat, perd de sa crédibilité à partir du moment où, à l’approche du congrès, pour des raisons d’opportunités ou d’opportunisme, change de camp pour passer à l’opposition avec comme simple programme le slogan: „Ote-toi de là que je m’y mette.“ Il y a plus de cinquante ans, dans une bande dessinée de René Goscinny appelée „Iznogoud“, le personnage principal inventa la formule suivante, désormais célèbre: „Je veux être calife à la place du calife.“ Point à la ligne. C’est tout le programme, rien que le programme.
En fait, nous nous trouvons dans la situation ubuesque que les deux candidats défendent le même bilan, qu’ils ont construit ensemble au cours de plusieurs mandats communs. Et voilà qu’au dernier moment, un des deux quitte le navire et veut hisser sa propre voile sur son propre bateau pour la simple raison que sur cette nouvelle embarcation il peut jouer au capitaine, ou au calife comme relaté plus haut.
Il y a un autre point positif, pas relevé jusqu’à présent: le fait que le président, certainement contacté par maints partis politiques au cours des dernières années, s’est gardé de répondre à la sollicitation de se présenter aux élections et d’accepter un mandat politique. Contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, il a réussi à tenir éloignée la FLF des turbulences des partis politiques, au grand bonheur de la fédération. En ce qui concerne son challenger, ancien mandataire politique d’un parti conservateur, tel n’est probablement pas le cas. La présidence de la FLF peut être un sacré tremplin pour réussir en politique, pas seulement à Junglinster.
Au fil des années
Au cours des dernières décennies, j’ai eu souvent l’occasion de me retrouver aux premières loges pour suivre attentivement le cheminement du président sortant, et je peux confirmer que pendant toute sa vie le foot était sa préoccupation permanente, il y a tout consacré: sa personne, son dynamisme, ses contacts, ses compétences, son temps libre. Heureusement qu’il a gardé la santé et une forme de jeunesse. Je ne suis pas son avocat, mais je peux en parler plus librement que lui, un peu bloqué par son devoir de réserve et une certaine forme de retenue pour tout ce qui concerne sa propre personne, ce qu’il n’a d’ailleurs pas cessé de démontrer tout au long de la campagne électorale engagée depuis des semaines. D’aucuns appellent cela le fair-play.
De facto, depuis des années, il est un président à temps plein, non rémunéré, qui a un maximum de présences là où le ballon rond roule, là où on joue au foot, à tous les niveaux, dans toutes les catégories d’âge ou de sexe. Sans parler des obligations internationales ou de représentation qui sont inhérentes à ce mandat et qu’il a remplies avec bravoure.
Mais il y a plus. Philipp n’a pas seulement joué dans la cour de récréation, il a été d’abord joueur de club et joueur professionnel, forcément international, entraîneur de club et entraîneur national, président de la Fédération. Qui dit mieux?
Personnellement, j’ai connu depuis la fin des années soixante les six prédécesseurs du président sortant, ce qui, hélas, ne me rajeunit pas … Comparé à eux Philipp est, et de loin, le meilleur et ce serait une perte importante de devoir se passer de lui à un moment crucial pour la FLF.
J’avais prévu de vous exposer en détail le bilan de l’équipe Philipp. Finalement, je me contenterai de vous énumérer les domaines dans lesquels il pourrait s’enorgueillir incontestablement: meilleures relations avec les clubs, financement accru de ces derniers, modernisation du fonctionnement administratif de la FLF, agrandissement et investissements gigantesques au Centre national de football à Monnerich, renforcement des initiatives dans le chef du foot féminin et de l’école de foot, soutien plus important de la politique en faveur des jeunes avec, si possible, des formateurs diplômés, actions au service de l’arbitrage, remise du Luxembourg sur la carte européenne du foot, notamment grâce aux résultats sans précédent de l’équipe nationale.
Pour finir j’aimerais relater un engagement commun, de nous deux. Je veux parler de la construction du nouveau stade de football national à Kockelscheuer. Sans Philipp, et peut-être également sans le projet Kockelarena, initié par le soussigné, nous nous retrouverions certainement aujourd’hui dans l’ancien stade de la route d’Arlon, repeint et rafistolé quelque peu, mais toujours vétuste et inadapté. Voilà un acquis qu’on peut qualifier d’historique et qui sera bénéfique au foot luxembourgeois encore pendant des décennies.
Qui dit mieux?
PS: Pour ceux qui s’interrogent sur la légitimité du soussigné de prendre position clairement, qu’il soit permis, en toute humilité et sans aucune sorte de prétention, de relever mes états de service pour le football pendant des décennies:
* René Kollwelter est un ancien conseiller communal, ancien député et titulaire de l’équipe nationale luxembourgeoise. Il est co-fondateur du syndicat des joueurs de football luxembourgeois, fut président de l’Association des entraîneurs de football luxembourgeois, entraîneur diplômé et président de Kockelarena asbl. En tant que joueur, il a évolué auprès Avenir Beggen, Etzella Ettelbruck, Red Black Pfaffenthal, Egalité Weimerskirch, Paris FC, Association sportive d’Aix-en-Provence et SOS Septèmes-les-Vallons en tant que joueur et entraîneur.
An Dir hutt allen zwee mam Kap gewénkt wéi déi Projeten duebel esou deier goufen.
Dir hat bestëmmt keen Afloss op dat!?